KIEV – AVENUE KHRESHTCHATYK – 9 DÉCEMBRE 2013 – 09H29 Des cosaques gardent l’entrée de la place Maïdan occupée par des manifestants pro-européens.
Photogaphie Guillaume Herbaut

Guillaume Herbaut expose jusqu’au samedi 22 novembre 2025, dans l’accueillante Maison de la Photographie de Brest, son travail au long cours sur l’Ukraine. L’exposition, tirée de son livre « Ukraine, Terre désirée », retrace le travail de Guillaume Herbaut en Ukraine depuis le début des années 2000.

L’exposition fait office de vigie, d’une lucidité totale sur l’évolution d’un métier à l’origine du lien fusionnel qu’a entretenu Guillaume avec l’Ukraine – pays de son cœur depuis Tchernobyl, scandale nucléaire aux radiations invisibles. Et ce, bien avant que la révolution de Maïdan ne rende visibles, dans l’œil de Guillaume dès 2014, les traces d’événements en train de se faire.

« J’ai pu ainsi explorer différentes narrations pour casser des repères, me remettre dans l’actualité et réfléchir sur le photojournalisme d’aujourd’hui, en zones de guerre ou de paix, comme un miroir du futur de nos sociétés », confie Guillaume Herbaut.

Du Donbass en passant par Donetsk, Guillaume Herbaut a toujours pris soin, tel Raymond Depardon – sa référence depuis ses débuts professionnels – de trouver la juste distance pour ne jamais violenter celles et ceux qu’il photographie.

Le photographe de l’agence Vu a toujours souhaité que lecteurs et spectateurs, face à ses superbes images, prennent le temps de la réflexion et appréhendent mieux le monde, sans pour autant en nier les turbulences, entre paix fragiles et guerres poursuivies.

« Toutes les photographies de Guillaume Herbaut ressemblent à de mauvais rêves éveillés », précise l’historien Michel Poivert. « Il y a quelque chose d’enfoui dans ses photographies qui, tout d’un coup, fait surface : c’est la semelle des images qui collent à vos yeux. »

Comme à ceux d’une jeune femme, sortie en pleurs généreux après s’être attardée devant les traces vivantes du conflit majeur qui menace l’Europe.

Guillaume Herbaut en convient, entre pudeur et émotion restituées dans chacune des 49 images exposées : « D’une guerre oubliée aux images d’un conflit déstabilisant le monde et s’affichant en une de tous les journaux, on découvre un peuple se levant et se battant pour sa liberté. Une raison qui me pousse à continuer. »

Collaborateur régulier du journal Le Monde, il a su capturer l’invisible et créer des photos plus parlantes que l’indicible, pour nous rendre toujours plus avertis et solidaires dans un monde sans frontières.

Face aux déferlantes d’images créées par les « insup-portables », donnant à chaque propriétaire l’illusion d’être photographe, cette exposition Une Ukraine rêvée témoigne plus que jamais de la raison d’être d’un photojournalisme du futur, indispensable pour toujours « relier les hommes », comme le précise Guillaume Riboud, directeur de cette unique Maison de la Photographie. François Cuillandre, maire de la ville, ne s’est pas trompé pour retourner deux fois  voir cette exposition qu’il a trouvée « remarquable ».

Exposition jusqu’au 22 novembre 2025

Maison de la Photographie 01 rue Henri Moreau 29200 Brest

Alain Mingam
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