Sebastião Salgado a toujours été le vaillant combattant permanent d’un photojournalisme au sens le plus lucide qui soit pour attester à Claire Guillot dans Le Monde du 26 Mai : « Je veux simplement que celui qui regarde mes photos sente que l’homme est noble partout. »
Je sais que depuis les années 1969, date de leur arrivée en France avec Lélia , sa jeune épouse, l’homme qui ne se cache jamais derrière le photographe est toujours plus que serein pour aller jusqu’au bout d’une idée, d’un défi.
Avec l’aide, très précieuse de Lélia, il est demeuré l’incarnation vibrante d’une ténacité sans frontières, qui n’a jamais lâché prise et détestait même être considèré comme reporter-de- guerre.
Sebastião n’a jamais voulu l’être pour mieux témoigner par contre des conséquences des conflits en cours. Comme au Rwanda au point même d’avoir vécu une terrible dépression, atteint mentalement par l’envergure des victimes amassées , accumulées en nombre tel qu’en témoignent sur ses photos les survivants du Rwanda jusqu’à Kisangani.
Sebastião a toujours fait de sa maîtrise du noir -et- blanc un somptueux et authentique effet de loupe pour mieux nous transmettre l’urgence d’une solidarité ou la beauté d’une nature menacée.
Il fût toutes ces années durant au photjournalisme de renom, ce que les plus reconnus médecins ou « french doctors » étaient à l’humanitaire.
Sebastião ne le clamait jamais fort,à l’orée des grands projets, menés avec la remarquable complicité ou initiative de Lélia. Car toutes les parutions et publications dans les plus grands magazines du monde de Paris-Match à Life témoignaient admirablement du théâtre permanent qu’est notre humanité.
Sebastião a fait de nous, confrères, consœurs, les complices très sincères du plaisir qu’il a toujours manifesté d’être par la force et la beauté de ses images au plus près du sens de l’humain qui nous fait tant défaut en cette période géopolitiquement anxiogène de Gaza à Kiev.
Il y a chez Sebastião Salgado un Nobel de la Paix qui a toujours répondu à l’entraide exceptionnelle de son épouse Lélia, architecte de formation mais aussi de ses magistrales expositions, plus de 600 à travers le monde. Au point même d’avoir dépassé avec « Genesis » le succès jusqu’alors le plus populaire de « The family of Man » avec 12 millions de visiteurs.
La réussite de Sebastião, va beaucoup plus au-delà des 3 millions d’arbres que Lélia et lui ont fait planter autour de la ferme qui l’a vu naître dans le Minas Gerais.
À Reims, il y’a 2 jours, lors du vernissage de l’exposition des tableaux de Rodrigo, leur fils trisomique, mais artiste exceptionnel, Lélia et Juliano l’ont assuré : « Tous les reportages et sublimes photos de Sebastião sont les plus belles dotations qu’il pouvait faire à une humanité dans le besoin ».
René Char l’a trop bien dit : «Vivre c’est s’obstiner à achever un souvenir » avec l’aide des sublimes photos de Sebastião Salgado à jamais gravées dans l’écrin de nos mémoires .
- Sebastião Salgado
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