Alice, Stanley et Najin, Kenya, 2020. © Nick Brandt

Pour la rentrée, le centre d’art photographique Hangar à Bruxelles présente trois nouvelles expositions poursuivant son exploration de la photographie contemporaine menée depuis près de 10 ans.

Nick Brandt, alors qu’il réalise en 1995 le clip « Earth Song » de Michael Jackson en Tanzanie, découvre les animaux et les paysages d’Afrique de l’Est. Il va alors se consacrer entièrement à la photographie environnementale réalisant plusieurs séries emblématiques où il met l’accent sur le contraste entre nature et progrès destructeur, posant le problème de la cohabitation entre l’humanité et la nature qui devient de plus en plus impossible. Il présente « The day may break » (« Le jour se lève ») projet qui réunit à ce jour quatre chapitres réalisés sur quatre continents, mêlant humains et animaux touchés par le changement climatique et la destruction de l’environnement. A travers des portraits d’être humains déplacés ou menacés par des catastrophes climatiques et d’animaux recueillis en refuge, souvent incapables de retourner à l’état sauvage, Nick Brandt souligne les liens qui les unissent face à une même vulnérabilité. Il compose des tableaux entre allégorie et documentaire, entre beauté et désolation, des scènes enveloppées de brume, dans une atmosphère suspendue et irréelle. Il ne s’agit pas seulement de constater une tragédie en cours, mais de se demander aussi quel rôle nous voulons jouer, nous rappelant que le changement dépend des choix que l’humanité fait aujourd’hui.

Autre approche avec le travail que Charlotte Abramow a consacré à son père Maurice, histoire du combat que mène un homme contre la maladie soutenu par l’amour de sa fille. Ils ont collaboré intimement à ce projet, dans des mises en scène drôles, tendres, fruits d’une complicité entre tristesse et rigolade comme est titrée l’exposition. C’est l’histoire d’un lien indéfectible, d’un amour qui refuse l’oubli, d’une transmission et d’une révélation artistique.

« When the earth still had a feminine name » (« Quand la terre avait encore un nom féminin ») de Maryam Firuzi. Pendant des années, la photographe iranienne a dirigé son objectif vers les femmes des villes, tandis que les racines profondes de sa terre natale demeuraient pour elle consignées dans les livres et les récits. Jusqu’au jour où elle a pris la route parcourant plus de 60 000 kilomètres à travers montagnes, déserts et forêts à la rencontre d’une civilisation vieille de sept mille ans. Dans chacune de ses séries, la photographe laisse percevoir le lien intime entre les femmes de son pays et l’acte de création. Artistes peintres ont insufflé une nouvelle vie aux lieux oubliés en les habitant de leurs oeuvres. Communautés de femmes qui veillent sur l’héritage culturel et artistique de leur civilisation. Broderies de femmes baloutches pour transformer l’effacement en existence par leur travail. Nourrie dès l’enfance par la poésie et la mythologie persanes, Maryam Firuzi a toujours imaginé l’Iran comme « une cavalière, les cheveux dénoués flottant au vent, semant beauté et liberté comme on sème des graines ».

Du 19 septembre au 21 décembre 2025, 18 Place du Châtelain, Bruxelles.

 

Gilles Courtinat
Si cet article vous a intéressé...Faites un don !
Et pour ne rien louper, abonnez vous à 'DREDI notre lettre du vendredi