Ancienne cité gréco-romaine classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, Palmyre a été prise par le groupe État islamique en mai 2015. Pendant leur occupation, les djihadistes ont détruit plusieurs monuments majeurs : le temple de Bêl, le temple de Baalshamîn, les tours funéraires et le théâtre antique. En mars 2016, la ville est brièvement reprise par les forces du régime avec l’appui de l’aviation russe, avant d’être reconquise par l’EI en décembre de la même année. Elle est définitivement reprise en mars 2017. Outre la destruction archéologique, la ville moderne de Tadmur a été largement endommagée par les combats, les frappes aériennes et les pillages. Palmyre porte aussi la mémoire de l’une des prisons les plus redoutées du régime syrien : la prison militaire de Tadmur, lieu de torture et d’exécutions massives jusqu’à sa fermeture en 2001, puis brièvement rouverte en 2011.
Photographie Edouard Eliaas exposéee dans les rues de Bayeux

Bayeux, 14 octobre 2025 — Tandis que les unes de la presse régionale, nationale et internationale s’alarment ce matin des déclarations de Martin Jäger, président du Service fédéral de renseignement allemand, affirmant que « la Russie est prête à entrer en conflit direct avec l’OTAN », le Prix Bayeux des correspondants de guerre réaffirme, dans ce climat d’alerte mondiale, toute sa pertinence et sa nécessité.

Depuis 32 ans, ce rendez-vous normand rend hommage à celles et ceux qui, au péril de leur vie, témoignent des conflits qui secouent la planète. Si le jury du Prix ne prend jamais position officiellement sur les tensions géopolitiques, la guerre en Ukraine — omniprésente dans les reportages en compétition cette année, qu’ils soient télévisés, radiophoniques ou photographiques — imprègne l’édition 2025 d’une intensité particulière.

« Regarder les guerres en face »

DEIR AL-BALAH, GAZA – JUNE 6: Palestinians stand on a road as black smoke and flames rise over a building following the Israeli attacks in Deir al-Balah, Gaza on June 6, 2024.
Photographie prix du public : Ali Jadallah / Anadolu Agency

Pour Patrick Gomont, maire de Bayeux, le Prix est bien plus qu’un événement culturel : c’est un acte de résistance. « Chaque mois d’octobre, nous abordons l’événement préparés. Et immanquablement, nous ressortons abasourdis, incrédules devant le degré de violence et de sadisme que peut atteindre non pas l’Homme avec un grand H, mais bien l’homme avec un tout petit h », a-t-il déclaré avec gravité.
Il poursuit : « Ces ignominies, dont vous avez le courage de témoigner pour que nul ne puisse prétendre ignorer, sont des récits douloureux mais indispensables. À tous les reporters de guerre qui risquent leur vie pour éclairer la nôtre, qui montrent la guerre pour mieux promouvoir la paix : nous vous devons une gratitude immense, et tout notre soutien. J’espère que cela vous donne de la force. »

Une lucidité partagée

Jean-Léonce Dupont, président du Conseil départemental du Calvados, partage cette reconnaissance. Pour lui, Bayeux est devenu, au fil des décennies, un observatoire unique de la géopolitique contemporaine :

« S’il existe un lieu, depuis plus de 30 ans, où il est possible d’analyser, de décrypter, de tenter de comprendre cette nouvelle grammaire géopolitique qui s’écrit sous nos yeux, c’est bien ici. »

Il a tenu à saluer l’engagement de l’organisation, des bénévoles, des partenaires et du public, « toutes générations confondues », avant de rappeler les nouvelles menaces qui pèsent sur les journalistes :

« Aujourd’hui, la répression ne se limite plus aux champs de bataille. Elle s’étend à travers les restrictions de la liberté de la presse, les censures gouvernementales, les campagnes de désinformation. Vous êtes les cibles d’acteurs de plus en plus nombreux et déterminés, qui cherchent à contrôler le récit des conflits et à réduire au silence ceux qui osent dire la vérité. »

Une ovation pour la vérité

La soirée de remise des prix  a une nouvelle fois réuni un public fidèle, ému, engagé. Les applaudissements nourris, spontanés, ont salué non seulement les lauréats, mais aussi l’ensemble des reporters de guerre, ces témoins essentiels d’un monde en perpétuelle ébullition.

« Regarder les guerres en face, c’est mieux préserver notre monde. Et faire de nous tous les combattants de la liberté, notre bien le plus précieux. » Patrick Gomont

Site du Prix Bayeux Calvados Normandie des correspondant de guerre

 

Alain Mingam
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