
Photographie Edouard Eliaas exposéee dans les rues de Bayeux
Bayeux, 14 octobre 2025 — Tandis que les unes de la presse régionale, nationale et internationale s’alarment ce matin des déclarations de Martin Jäger, président du Service fédéral de renseignement allemand, affirmant que « la Russie est prête à entrer en conflit direct avec l’OTAN », le Prix Bayeux des correspondants de guerre réaffirme, dans ce climat d’alerte mondiale, toute sa pertinence et sa nécessité.
Depuis 32 ans, ce rendez-vous normand rend hommage à celles et ceux qui, au péril de leur vie, témoignent des conflits qui secouent la planète. Si le jury du Prix ne prend jamais position officiellement sur les tensions géopolitiques, la guerre en Ukraine — omniprésente dans les reportages en compétition cette année, qu’ils soient télévisés, radiophoniques ou photographiques — imprègne l’édition 2025 d’une intensité particulière.
« Regarder les guerres en face »

Photographie prix du public : Ali Jadallah / Anadolu Agency
Pour Patrick Gomont, maire de Bayeux, le Prix est bien plus qu’un événement culturel : c’est un acte de résistance. « Chaque mois d’octobre, nous abordons l’événement préparés. Et immanquablement, nous ressortons abasourdis, incrédules devant le degré de violence et de sadisme que peut atteindre non pas l’Homme avec un grand H, mais bien l’homme avec un tout petit h », a-t-il déclaré avec gravité.
Il poursuit : « Ces ignominies, dont vous avez le courage de témoigner pour que nul ne puisse prétendre ignorer, sont des récits douloureux mais indispensables. À tous les reporters de guerre qui risquent leur vie pour éclairer la nôtre, qui montrent la guerre pour mieux promouvoir la paix : nous vous devons une gratitude immense, et tout notre soutien. J’espère que cela vous donne de la force. »
Une lucidité partagée
Jean-Léonce Dupont, président du Conseil départemental du Calvados, partage cette reconnaissance. Pour lui, Bayeux est devenu, au fil des décennies, un observatoire unique de la géopolitique contemporaine :
« S’il existe un lieu, depuis plus de 30 ans, où il est possible d’analyser, de décrypter, de tenter de comprendre cette nouvelle grammaire géopolitique qui s’écrit sous nos yeux, c’est bien ici. »
Il a tenu à saluer l’engagement de l’organisation, des bénévoles, des partenaires et du public, « toutes générations confondues », avant de rappeler les nouvelles menaces qui pèsent sur les journalistes :
« Aujourd’hui, la répression ne se limite plus aux champs de bataille. Elle s’étend à travers les restrictions de la liberté de la presse, les censures gouvernementales, les campagnes de désinformation. Vous êtes les cibles d’acteurs de plus en plus nombreux et déterminés, qui cherchent à contrôler le récit des conflits et à réduire au silence ceux qui osent dire la vérité. »
Une ovation pour la vérité
La soirée de remise des prix a une nouvelle fois réuni un public fidèle, ému, engagé. Les applaudissements nourris, spontanés, ont salué non seulement les lauréats, mais aussi l’ensemble des reporters de guerre, ces témoins essentiels d’un monde en perpétuelle ébullition.
« Regarder les guerres en face, c’est mieux préserver notre monde. Et faire de nous tous les combattants de la liberté, notre bien le plus précieux. » Patrick Gomont
Site du Prix Bayeux Calvados Normandie des correspondant de guerre
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