Correspondance de Tokyo

Takuma Nakahira
Burn—Overflow, une rétrospective majeure
de l’avant-gardiste japonais

Nakahira Takuma, Marseille, France from The Streets, or Traces of Terror, 1976
The National Museum of Modern Art, Tokyo
©Gen Nakahira

Correspondance de Tokyo

Jusqu’au 7 avril 2024, Le Musée national d’art moderne de Tokyo présente une rétrospective de 400 œuvres et document de Takuma Nakahira, l’un des photographes majeurs de l’avant-garde japonaise.

En 1968, Takuma Nakahiraa (1938–2015) est l’un des acteurs les plus actifs de Provoke, l’éphémère revue manifeste avec, entre autres,  Daido Moriyama  et Kishin Shinoyama.

Provoke ne publiera que trois numéros originaux à faible tirage mais qui ont considérablement influencer la scène photographique japonaise. Il y aura deux autres numéros de la revue mais qui sont sans rapport direct avec les trois premiers numéros.

Nakahira Takuma, 2003 Photo by Homma Takashi ©Takashi Homma

Dans l’exposition du musée, les numéros de Provoke auxquels le photographe a participé sont exposés et commentés avec leur ambition de manifeste autour des concepts « are / bure b/boke » qui peut se traduire par « granuleux- rugueux-sans mise au point ».

Takuma Nakahira développe l’idée que la photographie est son propre langage et que l’œil de l’appareil photo est différent du regard humain. Laisser-faire l’oeil mécanique de la caméra de façon aléatoire dans le choix de lieux et d’atmosphère, telle est la recherche permanente de Takuma Nakahira qui a été influencé par Shomei Tomatsu le photographe des survivants de la bombe atomique. Takuma Nakahira privilégie des lumières intenses qui contrastent avec les ambiances nocturnes, réminiscences du flash de la bombe A.

Chez Takuma Nakahira, le médium photographique, la matière même des grains de lumière révélés, diffus et apparents, sont l’essence même de son langage et de sa poésie visuelle. Une poésie visuelle affirmée par la représentation de sujet souvent en cours d’apparition.

Dans cette rétrospective de son oeuvre, les « chemins de fer » des trois premiers numéros de Provoke  sont exposés. On y découvre des ambiances graphiques, de la poésie, des accidents de lumière et de laboratoire qui affirme une puissante signature graphique. L’univers de Takuma Nakahira est nocturne, charbonneux, métallique et fait de surexpositions et d’accidents au moment du tirage, quand est les films ne sont pas voilés.

Le photographe collabore à d’autres revues mêlant toujours une réflexion textuelle et visuelle sur des supports magazines ou des épreuves photographiques. On retrouve dans son œuvre l’émotion éprouvée à la vue de la première photographie de Nicephore Niepce ;  elle aussi charbonneuse, comme accidentelle.  On pense également à Atget et Walker Evans comme des influences de sa prose photographique auquel il se réfère parfois dans les titres  de ses œuvres .

Après les années Provoke, le photographe continuera son œuvre en collaboration avec d’autres magazines comme Asahi Caméra, Kindai Kenchiku, un magazine connu d’architecture.  Il collabore également à des campagnes de publicité pour des opticiens ou des objectifs de camera, Il est également l’aureur d’un livre culte  « La photographie ; un langage à venir »  mêlant textes et visions .

En 1976 et 1977, Takuma Nakahira  séjourne à Marseille où il photographiera des quartiers  populaires toujours avec sa visions toute personnelle ou l’exotisme du voyage  est absent au profit  de son univers graphique et visuel avec des images de couple, d’immigrés mais aussi de  pneu, de chien, d’affiche etc. Il exposera à la galerie marseillaise Adda où il  concevra « Décalage », une œuvre photographique conceptuelle.

L’exposition du Musée de Tokyo se décompose en cinq volets qui reprennent chronologiquement les différentes périodes de son œuvre.  Le premier volet est titré « Incendie et inondations », le second « Paysage , villes et circulation », le troisième  « Un dictionnaire botanique et des inondations », le quatrième  « Les  Îles et les rues », et le cinquième « Le degré  zéro de la photographie »  présente des photographies (couleurs et noir et blanc) prises entre  Okinawa au Japon, la France et l’Espagne.

Takuma Nakahira qui est né en 1938  a été actif jusqu’en 2010. En 1977, de retour au Japon, il fait un coma éthylique sévère qui lu iprovoque de graves pertes de mémoires. Il les exploitera dans son travail.Ecrivain il utilise son prénom Takuma et signe ses épreuves du nom d’emprunt Gen, il décèdera d’une pneumonie sévère en 2015 .

Exposition jusqu’au 7 avril 2024

独立行政法人国立美術館

The National Museum of Modern Art, Tokyo Takebashi, Tokyo

3-1 Kitanomaru-koen, Chiyoda-ku, Tokyo 102-832

https://www.artmuseums.go.jp/en/museums/momat

Un catalogue de l’exposition doit paraître prochainement.

Dernière révision le 29 mars 2024 à 10;16 par la rédaction

Pierre Boutier