Ceci n’est pas New Brighton Beach par Martin Parr. © Roman Jehanno

La Gacilly. Un village breton de 4000 âmes. Siège de l’entreprise Yves Rocher dont le fils Jacques a repris le flambeau il y a bien longtemps. C’est lui qui a créé ce festival hors du commun. Le plus grand festival de photographie à l’air libre et totalement gratuit.

Chaque année, depuis plus de vingt ans, ce sont 300 000 visiteurs qui plongent dans un univers photographique étonnant, toujours extrêmement bien présenté : en ville, dans un ancien garage, puis dans une bambouseraie et enfin dans trois pavillons naturels. Cette année, le directeur artistique, Cyril Drouet, a choisi un univers européen : « So British ».

Ne nous y trompons pas, il y a bien sûr les photographies de Martin Parr, mais aussi ces photographies exceptionnelles d’un photographe de légende : Don McCullin.

Martin Parr est dans l’espace « So British ». Le public sourit à voir ce que ce photographe croque. En couleurs, les gens de peu et les gens de tout. Puis ils s’évaporent vers les photographies de Terry O’Neill qui a figé les Beatles, les Rolling Stones, Bowie et Elton John. On est sous les arbres, envahi par ces poses d’artistes, ces sourires et ce public gigantesque des salles de concerts.

Un peu plus loin, on croise un espace magnifique où l’on pénètre dans l’univers sous-marin d’un français, Laurent Ballesta. Ces photographies sont simplement exceptionnelles par la connaissance qu’il a de ce milieu, du temps d’attente pour avoir le bon angle, la bonne prise, bref, la déambulation au long de ces photographies nous stupéfie. Et nous impose une profonde réflexion.

Un autre français croise les anglais, Robert Doisneau. On revit Paris en 1950, 1960, en noir et blanc, dans une douceur de vie, exposée aux yeux de tous.

Puis on termine dans un endroit à ciel ouvert nommé « Le garage ». On découvre le travail de Don McCullin. La guerre. Vue de près. Instantanée. Abrutie. Sale. Désespérante. Don McCullin par ce travail crie contre les guerres. Il hurle. Puis, rentré chez lui, âgé, il reprend ses appareils et photographie l’Angleterre, ces habitants, ces lieux, ces sites. Le repos. Tout est montré au « Garage ».

Ils sont ainsi 19 photographes exposés à la Gacilly pour cette année « So British ».

Dans un écrin qui force le respect, la retenue et l’emballement. On sent que les visiteurs sont surpris, touchés, séduits.

Le silence est de mise et l’abandon nécessaire.

Il n’y a pas que le bout du monde à parcourir.

Au coeur de la Bretagne, à 15 minutes de Redon, croisez ce magnifique festival.

 

Jean-Louis Vinet
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