« Refuge » Photo: Bruno FERT

Après le festival Usimages au printemps dernier, Diaphane, pôle photographique en Hauts-de-France, présente Les Photaumnales, série d’expositions en plein et en intérieur sur la thématique de l’habitat. A voir du 20 septembre au 31 décembre 2025.

Le thème de cette 22e édition des Photaumnales s’inscrit dans le cadre des festivités liées aux 800 ans de la construction de la cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, célébrés en 2025, l’occasion de regarder en photographies cette cathédrale à travers les collections de clichés patrimoniaux ou contemporains. A l’inverse d’Usimages cantonné au sud creillois, les 53 expositions programmées en lien avec l’architecture et le bâti rayonnent sur 28 lieux dans l’Oise, le Pas-de-Calais, la Somme et l’Aisne du 20 septembre au 31 décembre 2025.

Cette volonté de présence de la photographie dans les petites communes des Hauts-de-France se retrouve aussi dans le volet résidences de la programmation. En immersion sur les territoires géographiques de l’Oise Picarde, la Picardie verte, le Pays de Bray, la Plaines d’Estrées, le Pays du Coquelicot, la Champagne Picarde, le pays de Thiérache, mais également dans la région de la Gaspésie au Québec, les photographes traduisent par le prisme artistique des images leur compréhension de nos espaces de vie. Les titres des expositions sont autant d’invitations à la curiosité et au voyage photographique : « Ce que l’océan sépare, nos corps relient » de Maude Arsenault (à l’Espace Séraphine Louis à Creil), « Les eaux profondes » de Valentine Vermeil et Philippe Garon (à Cappy), « Les prénoms de la plaine » de Victorine Alisse (au musée archéologique de l’Oise à Vendeuil-Caply) ou « Terragraphe » de Thomas Noceto et Cinzia Romanin (à Espaubourg). Impossible de les citer toutes puisque pour le seul volet « Résidences de création », il y a 12 expositions.

Difficile de sélectionner un regard plutôt qu’un autre. Au Parc de la gare, avenue de la République à Beauvais, j’ai retenu le travail documentaire de l’italien Andrea Botto, « KA-BOOM The Explosion of Landscape ». Depuis 2008, Andrea Botto documente les explosions non militaires en Italie et plus largement en Europe. Ces événements singuliers, minutieusement planifiés, qu’il s’agisse de démolir des architectures obsolètes ou de transformer structurellement le paysage en vue de nouvelles infrastructures, sont organisés longtemps à l’avance, bien que leur manifestation ne dure que quelques secondes. Andrea Botto photographie à la chambre sur film 4 x 5′ et il saisit le point culminant de l’explosion, devenu une marque distinctive de sa recherche, où l’œil du photographe se mêle à la composition picturale du peintre. Ce qui rend ses images aussi séduisantes que belles réside dans la représentation d’un acte violent, pourtant dépourvu de toute violence: sa capacité à capturer l’énergie de la destruction au moment même de sa dissipation. Son œuvre incarne la fascination humaine pour la mort, tout en révélant la nature intrinsèque de la photographie, fixer ce qui n’est déjà plus. Autre regard sur l’éphémère et sur le même lieu d’exposition, celui de Bruno Fert, auteur de livres de photographies sur les réfugiés et la migration. Il parcourt les camps de réfugiés de Grèce, d’Italie et de France, pour y photographier l’habitat provisoire (abris de fortune, chambres et appartements) où ceux qui ont fui leur pays recréent une intimité, une attache, une identité.

La proximité des expositions n’empêche pas de regarder au-delà de notre continent. Le festival poursuit sa volonté de dialoguer avec les cultures lointaines dans une programmation ouverte à l’international. Labellisée dans le cadre de la Saison France-Brésil par l’Institut français, une partie de la programmation est axée sur la photographie brésilienne des lieux d’habitat. En particulier une exposition dédiée à la scène photographique contemporaine de la région brésilienne du Minas Gerais sera présentée au Musée Opale-Sud à Berck-sur-Mer. En partenariat avec le festival Em Pauta, on pourra y voir les travaux de João Castilho, Pedro David, Bárbara Lissa-Campos, Maria Vaz et Eustáquio Neves. A l’Espace Matisse de Creil et en partenariat avec l’Institut de la photographie de Lille seront exposés les photographes brésiliens João Mendes et Afonso Pimenta. Au Théâtre du Chevalet à Noyon (Oise), Andrea Eichenberger propose une « Petite encyclopédie sociopolitique illustrée du Brésil contemporain ». En résonance et toujours en partenariat avec le festival Em Pauta à Tiradentes, dirigé par Eugênio Sávio, le festival prend le large en 2025 grâce au projet Photaumnales Brasil, avec quatre artistes français, Cédrine Scheidig, Hélène Jayet, Gilles Elie-dit-Cosaque et Wendie Zahibo qui sont exposés dans la région du Minas Gerais.

Les Photaumnales,

du 20 septembre au 31 décembre 2025

 

Thierry Birrer
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