
Depuis des années, Jonk photographie des lieux abandonnées en cours de retour à la nature. Délaissant l’usage de la couleur précédemment utilisée, il opère une rupture franche avec son nouvel ouvrage, Urbex Black & White où il présente un univers fait de noirs, de blancs et de gris profonds, se concentrant sur les textures, les contrastes et les détails des lieux abandonnés.
Jonk est connu est justement réputé pour être l’un des meilleurs photographes d’urbex, activité dont le nom est l’abréviation de urban exploration (exploration urbaine) et qui consiste à visiter et explorer des lieux abandonnés ou inaccessibles au grand public, comme d’anciennes usines, les ruines de châteaux, d’hôpitaux, les tunnels, catacombes et autres bâtiments laissés à l’abandon. Parcourant le monde à la recherche de lieux abandonnés, il a visité plus de mille cinq cents lieux dans une cinquantaine de pays sur quatre continents. Sensible aux problèmes environnementaux, il mène une réflexion poétique et écologique sur la place de l’Homme sur Terre et sa relation avec le temps et la nature. Il met en lumière l’idée que quand l’Homme part, la nature revient et reprend tout. Pour son dixième livre, il a repris à son compte la formule d’Elliott Erwitt « La couleur est descriptive. Le noir et blanc est interprétatif » et a décidé de mettre de côté le grand angle et la couleur jusque là utilisés pour réaliser un travail plus intimiste en noir et blanc qui accentue le sentiment d’intemporalité et de mélancolie, transformant les ruines contemporaines en vestiges classiques. Se concentrant sur les matières et la lumière dans une approche plus introspective mettant en évidence le temps qui passe, il atteint une dimension plus profonde, plus poétique et plus sensible.
Un mot de l’auteur: « Il y a bien quelque chose de particulier avec la photographie en noir et blanc. Quelque chose de plus profond, de plus poétique, de plus sensible. Et si je ne photographie pas les gens, et que les rares vêtements présents dans ce livre sont en lambeaux, je me suis quand même dit qu’après dix livres, le moment était venu pour moi de m’attaquer à ce sujet. L’idée m’est venue en 2019 lorsque je suis tombé sur ces quatre Rolodex dans une fonderie auvergnate. Je les ai trouvés magnifiques. Comme toujours ou presque, je n’ai rien touché avant de déclencher. Le mur devant lequel ils se trouvaient était parfait. La lumière qui venait de la gauche également. Je n’ai pas cherché plus loin quand il a fallu choisir la couverture de cet ouvrage. Même si j’ai commencé en utilisant bien plus souvent le grand angle que le zoom, j’ai photographié des détails depuis mes débuts dans ces lieux abandonnés. La proportion de plans resserrés a augmenté dans la perspective de ce livre. Depuis peu, ils sont même majoritaires. J’ai déjà présenté quatre séries en noir et blanc : les aéroports, les mannequins dans les vitrines, les aires de jeux désertées et la vie au milieu des vestiges de l’URSS. Les lecteurs qui en plus d’être fidèles sont curieux les retrouveront sur mon site. Même si certaines séries ont un lien indirect avec l’abandon, je n’ai jamais montré mes photos de lieux abandonnés en noir et blanc. Toutes les images de ce livre sont inédites. La profondeur, la poésie, la sensibilité du noir et blanc évoquées plus haut se marient parfaitement avec mon univers de lieux abandonnés, particulièrement lorsqu’on s’arrête sur les détails qu’ils offrent. Rideaux éventrés qui flottent dans le courant d’air, horloges arrêtées, poupées démembrées et chaises renversées offrent mille nuances de gris, car c’est bien de cela dont il s’agit. Ce n’est pas un hasard si les Grecs avaient trois mots différents pour dire le « gris ». Idem en latin. Quand la lumière s’en mêle et baigne de ses rayons des boules poussiéreuses sur un tapis de billard ou un piano majestueux qui n’a pas résonné depuis longtemps, elles sont toutes là, les milles nuances. Le gris est plein de mystère. Loin d’être neutre, c’est la couleur de la nuance, de l’ambiguïté. C’est aussi celle de la contradiction, entre le positif associé au blanc et le négatif associé au noir. Le gris est complexe, c’est le point de rencontre de tous les possibles. »

Le site de l’auteur
- Fondation Henri Cartier-Bresson
François-Xavier Gbré et Sibylle Bergemann
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