
Paris Photo a pris ses quartiers à Paris jusqu’au 16 novembre transformant le Grand Palais en une immense exposition où, des images des grands classiques jusqu’aux tentatives expérimentales, des valeurs sûres aux talents dits émergents, chacun peut trouver chaussure à son pied, ou plus exactement, photographie à son goût.
Le grand avantage de Paris Photo, ce sont ces 183 galeries du monde entier qui viennent à vous, ce qui est une sacrée économie sur les billets d’avion, sans parler de l’empreinte carbone. On y rajoute 41 maisons d’édition, 20 expositions : c’est un peu Charlie et la Chocolaterie sans le chocolat, mais avec du champagne. En un mot : big is beautiful. L’année dernière, les visiteurs étaient accueillis par 600 portraits de August Sander accrochés sur un grand mur à l’entrée du bâtiment. L’idée a été reprise avec les photos des traces laissées sur les lieux de conflits, réalisées par Sophie Ristelhueber.
Au gré de la déambulation, on peut observer que le mouvement « Je peins / brode / gratte / colorie ma photo » ne faiblit pas, bien que n’atteignant que rarement le niveau des grands prédécesseurs comme William Kleinou Peter Beard. Passage rapide à l’espace « digital » où, à l’évidence, la tendance à surfer opportunément sur le numérique (coucou l’IA !) l’emporte sur l’intérêt de ce qui est montré, malgré quelques pièces sortant du lot comme celles de la Singapourienne Niceaunties ou du duo Brodbeck et de Barbuat.
Le malaise se dissipe rapidement, car la foire balaye le spectre complet de la photographie, de Robert Frank à Zanele Muholi, de Irving Penn à Claudia Andujar, de Joel Meyerowitz à Peter Hujar, en passant par tous les courants et toutes les époques, avec une présence accrue des artistes femmes, ce dont on ne peut que se féliciter.
Pour cette 28ᵉ édition, les stands suivent trois politiques d’accrochage : « Je mise tout sur un talent émergent », « Je mise tout sur les valeurs sûres » ou « Tutti frutti / j’arrose large ». Le secteur édition, où ont pris place des dizaines de respectables maisons, c’est un peu l’île de la tentation — grande — mais vite tempérée par un rapide coup d’œil sur son compte en banque en ligne.
Sur le plan colorimétrique, l’écrasante majorité des exposants a décidé d’en rester au blanc initial, ce qui s’assortit assez bien avec la plupart des visiteurs, habillés en noir. De rares rebelles ont osé la couleur : un brin de jaune par-ci, une touche de rouge par-là, et un unique audacieux a opté pour le rose (« Le rose, j’ose ! »).
À noter également une présence asiatique assez marquée, nos amis asiatiques semblant absolument ravis d’être là. On flâne, on musarde en laissant traîner son regard de-ci de-là, et à un moment, une image capte notre attention. Que ce soit l’œuvre d’un auteur très célèbre ou celle d’un parfait inconnu, se poster devant pour prendre le temps d’en profiter est un délicieux petit moment de plaisir — et on évitera de rompre le charme en s’aventurant à en demander le prix.
Galeristes, photographes, curateurs, responsables d’institutions se croisent et se recroisent, se saluent, s’embrassent, se congratulent. Et à 17 h 00, c’est l’heure de préparer les buffets et le champagne, auxquels n’auront accès que les happy fews qui ont reçu un précieux sésame.
Au bout de quelques heures de balade, un peu fatigué mais repu d’images, on quittera les lieux en se promettant d’y retourner l’année prochaine — et de mettre des chaussures plus confortables la prochaine fois.
Le site de Paris Photo
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