Paris, jeudi 27 novembre 2025 – Le photojournaliste Patrick Chauvel est fait chevalier de la Légion d’honneur par le général François Lecointre;.
Photographie Dominique Aubert
Ce jeudi 27 novembre 2025, à la nuit tombée, les salons de la Grande Chancellerie de la Légion d’honneur s’illuminent d’une solennité rare. À 18h30 précises, Patrick Chauvel y est fait chevalier de la Légion d’honneur par le grand chancelier de l’Ordre.
Une trentaine d’invités seulement, les proches, les compagnons de route, ceux qui savent ce que ce nom « Chauvel » signifie dans l’histoire du reportage de guerre ont été conviés.
Dans ce décor où les murs portent en lettres d’or les noms d’illustres figures de la République, Patrick Chauvel nous accueille avec un sourire à la fois amusé et chaleureux, fidèle à son humour qui désamorce tout protocole :
« Alors, comment trouvez-vous mon nouvel appart ? »
La plaisanterie fait rire et détend l’atmosphère sans rien retrancher au poids du moment.
Autour de lui, son épouse Anna et ses cinq enfants. Dans cette confrérie de reporters et amis qui ont sillonnés le monde, je retrouve quelques visages familiers ; Thierry Boccon-Gibod, Noël Quidu, Edouard Elias mais aussi Jean-François Leroy. Tous sont venus saluer celui qui a couvert plus de trente guerres, qui a été blessé cinq fois, et qui continue, à 75 ans passés, de porter haut l’exigence du témoignage.
La cérémonie s’ouvre alors sur les mots du général François Lecointre, grand chancelier de l’Ordre, lui-même héros de guerre. Comment oublier qu’en 1995, à Sarajevo, au plus fort de la guerre de Bosnie-Herzégovine, il reprit aux soldats serbes, lors d’un corps à corps devenu célèbre, le pont de Vrbanja, ou il déplora la perte de deux soldats ? Un acte de bravoure hors du commun, entré depuis dans l’histoire militaire française. Avec sobriété, il retrace les grandes lignes de l’extraordinaire parcours de Patrick Chauvel : plus de cinquante-cinq ans passés sur les lignes de front du monde, de Phnom Penh à Beyrouth, de Grozny à Mossoul, mais aussi plus récemment en Ukraine, là où la lumière est rare et les vies fragiles. Il évoque aussi la lignée remarquable dont Patrick est issu :
Son grand-père, Jean Chauvel, ambassadeur et diplomate, son père Jean-François Chauvel grand reporter au Figaro,
sa mère Antonia Luciani, grande résistante de la première heure, son oncle de cœur, Pierre Schoendoerffer, compagnon de guerre et de cinéma, mais aussi Joseph Kessel, ami de la famille, romancier du courage et des tempêtes humaines.
Lorsque Patrick prend la parole, il retrouve cette pudeur et cette élégance que tous lui connaissent. Sa voix s’adoucit lorsqu’il cite les photographes qui ont jalonné sa vie, ceux qui lui ont montré la voie, ceux qui ont partagé les mêmes risques, certains qui y ont laissé la vie. Il les nomme sans emphase, mais chaque nom résonne comme une présence.
Puis il conclut par cette phrase qu’il répète inlassablement depuis toujours, comme un serment :
« Pour qu’on ne puisse pas dire que nous ne savions pas… »
Enfin, dans un silence chargé d’émotion, la formule rituelle retentit :
« Patrick Chauvel, au nom du Président de la République et en vertu des pouvoirs qui nous sont conférés, nous vous élevons à la dignité de chevalier de la Légion d’honneur. »
Et dans ce salon chargé d’histoire, un homme qui a tant raconté le monde voit, pour une fois, le monde lui rendre hommage.
Paris, jeudi 27 novembre 2025 – Le photojournaliste Patrick Chauvel est fait chevalier de la Légion d’honneur. Photographie Dominique Aubert
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Dernière révision le 2025/12/05 a 12:19
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