Festival

Vive la 25ème édition de Visa pour l’image !

GED_8615
(c) Geneviève Delalot

logo_Visa-2013

La 25ème édition du festival international de photojournalisme de Perpignan s’est ouverte ce samedi 31 août, ouvrant l’accès aux 23 expositions à un public régional et aux nombreux touristes. Les festivaliers, eux, commencent tout juste à envahir la ville.

Ouverture des expositions

GED_8796
Exposition de McCullin Eglise des Dominicains (c) Geneviève Delalot
(c) Geneviève Delalot
Exposition McCullin à Visa pour l’image 2013 © Geneviève Delalot

Samedi, il y a déjà du monde pour admirer l’exceptionnelle exposition de Don McCullin. Une grande quantité de photographies que le reporter a tirées dans son laboratoire argentique. Les amateurs sont donc attentifs aux dégradés de gris, aux cadrages, etc.

« Il est vraiment particulier Don » confie Jean-François Leroy, le directeur de Visa pour l’image, « Il a fait ses tirages, mais il n’a pas de margeur pour caler la photo au milieu du papier… Et il m’a interdit de toucher au papier. Résultat on a dû faire des cadres à des tailles différentes. »  Une exigence que Jean-François Leroy n’aurait accepté de personne d’autre. Il est tellement heureux d’accueillir à Perpignan celui qui est considéré comme le plus grand photographe de guerre, vivant !

La presse se bouscule pour obtenir des interviews, et à la librairie officielle de Visa pour l’image, Corinne Duchemin s’inquiète d’une éventuelle signature de livres : « Ca va être l’émeute ! »

 

 Welcome drink

(c) Geneviève Delalot
(c) Geneviève Delalot

Dimanche soir, c’est l’heure du « Welcome drink » à l’Hôtel Pams où Alfred Yaghobzabeh expose une « Kumbh Mela ». Tout le monde est dans le patio attendant un mot de Jean-François Leroy qu’il ne prononcera pas. Il préfère embrasser les festivalières et les festivaliers qui lui font confiance depuis 25 ans pour les plus fidèles. Et ils sont nombreux ! Pus nombreux que d’habitude à se presser à ce premier rendez-vous :  anniversaire oblige !

Le « Welcome drink » est le moment des embrassades car tous se retrouvent arrivant de New York comme d’Hambourg, de Londres, de Rome, Barcelone, Dacca, Tokyo…   La vedette, bien qu’il s’en défende, c’est Joao Silva, ce photographe sud-africain qui, en sautant sur une mine, en Afghanistan, a perdu ses deux jambes.  Il est là debout sur ses jambes artificielles.

Sylvie et Jean-Pierre Pappis avec Joao Silva (c) Geneviève Delalot
Sylvie et Jean-Pierre Pappis avec Joao Silva (c) Geneviève Delalot

Son courage force le respect.  Trois ans après avoir sauté sur cette mine et 80 opérations, il refait de la moto – sa passion – et a repris son travail de photographe. Incroyable mais vrai. Qui plus est, l’homme est modeste malgré une longue et talentueuse carrière à photographier la violence, notamment à l’époque de l’apartheid en Afrique du sud.

Comme me le fait remarquer Jean-Pierre Pappis, le patron de l’agence américaine Polaris: « Il faut souligner que dans cette affaire le New York Times a été formidable !  Il avait un contrat avec eux, mais il n’était pas salarié.  Pourtant ils ne se sont pas défilés, le NYT a fait en sorte qu’il soit pris totalement en charge, car les frais médicaux sont considérables. » Il faut dire que la patronne de la photo au New York Times, Michelle McNally a non seulement fait du quotidien le phare du photojournalisme mais qu’elle est une vraie amoureuse des photographes !

Joao Silva expose une belle rétrospective de son travail sur lequel nous reviendrons.

 

Lundi c’est parti

(c) Geneviève Delalot
(c) Geneviève Delalot

Au second étage du Palais des congrès, les agences et sociétés installent leurs stands. On déplace des meubles, on colle des photos, on déploie plaquettes publicitaires, cartes postales, gadgets, bonbons…  Mais la moitié seulement des exposants est là.  Getty Images est déjà en ordre de bataille, tout comme l’AFP, Associated Press, Cosmos… Chez Polaris, on colle des photos après un long voyage en avion, chez Sipa on cherche des crochets pour les cadres… « C’est le retour de Gamma-Rapho ! » glisse en passant Jean-François Leroy qui fait sa tournée pour exiger « les images du jour avant 17 h si vous voulez avoir une chance d’être projeté ce soir. »

Au rez-de-chaussée les conférences

Au rez de chaussée, où officie, comme chaque année, Caroline Laurent-Simon pour les conférences des photographes, Rafael Fabrés explique sa philosophie du reportage. « J’ai besoin de vivre longtemps dans le pays où je travaille. Je suis resté deux ans en Haïti et maintenant je suis installé à Rio de Janeiro, au moins jusqu’en 2016 ». La pacification de certaines favelas est faite en vue de la Coupe du monde de football de 2014 et des Jeux olympiques d’été de 2016. Son exposition est visible au couvent des Minimes.

(c) Geneviève Delalot
Rafael Fabrés (c) Geneviève Delalot
Majid Saeedi de Getty Images (c) Geneviève Delalot
Majid Saeedi de Getty Images (c) Geneviève Delalot

Majid Saeedi de Getty Images lui succède à la tribune. Cet iranien est installé en Afghanistan. Depuis 2009, le gouvernement iranien ne veut plus qu’il travaille et il a été condamné à cinq ans de prison. « Durant toute ma vie professionnelle, je n’ai cessé de passer d’une zone de conflit à une autre. Mais l’année dernière, pour ce projet, je me suis concentré exclusivement sur ces hommes et ces femmes dont la  vie a été anéantie par la guerre en Afghanistan, un pays où je me rends depuis plus de dix ans. L’Afghanistan est une destination tout aussi tumultueuse que Téhéran. Dans mon travail pour l’agence Getty Images, le peuple afghan a retenu toute mon attention. Cela fait quatre années que je vis parmi eux et les Afghans font désormais partie de mes souvenirs, bons et mauvais, leurs bonheurs et leurs tristesses sont devenus ma principale préoccupation. » Une exposition à ne pas manquer.

 

Michel Puech

Perpignan, le 2 septembre 2013

 

 Dernière révision le 26 mars 2024 à 4;58 par Michel Puech