
Photo: Wojtek Laski / East News
Tomasz Barański est un journaliste, photojournaliste, éditeur Polonais qui travaille depuis des années pour la presse. Il est également, depuis 25 ans, photojournaliste pour l’agence Reporter. Il a 52 ans, vit à Varsovie et est actuellement journaliste pour Angora, le plus grand hebdomadaire polonais, pour lequel il interviewe des personnalités politiques et culturelles. Fin connaisseur de la presse Polonaise, il livre à L’œil de l’info un passionnant panorama de la photo d’actualité depuis la chute des régimes soviétiques.
« Aujourd’hui, on peut obtenir des photos médiocres pour presque rien, tandis que les bonnes coûtent plus cher. Les photos de presse montrent la vérité sur le monde — elles ne sont pas simplement des ornements pour le texte. C’est pourquoi je crois que les photographes de presse ne manqueront jamais de travail », déclare Wojtek Łaski, photojournaliste et fondateur de l’agence de presse photographique East News.
L’embellie avant la crise

Photo Adam Tuchlińskia
Le développement dynamique de la presse après 1989 a signifié que les photos ont cessé d’être de simples illustrations neutres. Les rédactions ont commencé à engager des photojournalistes lorsqu’il est devenu évident que la photographie de presse constituait un véritable médium de communication journalistique. Des agences photo ont également émergé, parmi lesquelles l’agence East News, qui opère en Pologne depuis 1992. Cependant, au fil des années, l’importance de la photographie de presse a considérablement diminué, et son avenir reste incertain.
Avec la chute de la République populaire de Pologne, de nouveaux titres de presse sont apparus. En 1989, le quotidien influent Gazeta Wyborcza a été fondé ; deux ans plus tard, le premier tabloïd Super Express est arrivé. La demande en photos de presse de qualité a augmenté car les magazines illustrés élégants tels que Twój Styl, Sukces, Pani, Claudia et Poradnik Domowy avaient également besoin de belles images.
En 1995, Infor Publishing de Ryszard Pieńkowski a fait ses débuts ; quatre ans plus tard, il comptait environ quarante titres en Pologne dont Gazeta Prawna et Prawo Gospodarka. Le capital étranger est également entré en Pologne. Depuis septembre 2001, l’hebdomadaire d’opinion Newsweek Polska est publié en continu, et deux ans plus tard le quotidien Fakt — inspiré du Bild allemand — a vu le jour. Les années 1990 et le début des années 2000 étaient une période dorée pour le photojournalisme — de nombreuses rédactions (Rzeczpospolita, Super Express, Gazeta Wyborcza) employaient parfois une douzaine de photographes salariés. Cette bonne période a duré jusqu’en 2010, mais la crise financière mondiale et le développement d’Internet ont provoqué l’effondrement de nombreux titres.
2010, la crise en Pologne comme ailleurs

Photo: Wojtek Laski / East News
« La crise de la presse papier était liée à la montée des médias numériques. Les nouveaux sites n’avaient pas besoin de leurs propres photojournalistes. De plus, nous avons dû affronter quotidiennement les services de stock et les photos d’amateurs issues des réseaux sociaux et des smartphones. Il n’y avait pas d’autre issue. J’ai quitté la profession. Aujourd’hui, je fais quelque chose de complètement différent », raconte Przemysław Pokrycki, photojournaliste pendant longtemps chez Super Express et l’agence Reporter.
La profession de photojournaliste disparaît-elle ? Le photojournaliste primé Maksymilian Rigamonti le disait clairement sur la radio polonaise :
« On ne peut pas vivre aujourd’hui de la photographie de presse. J’ai dû me reconvertir complètement. Je travaille maintenant à la télévision polonaise parce que le métier de photojournaliste est pratiquement mort et ne permet plus de subvenir à ses besoins ».
Marek Lapis, photographe de presse expérimenté de la région de Wielkopolska membre du Forum de l’Agence des Photographes Polonais, réalise également de moins en moins de missions journalistiques.
« J’aime ce métier, mais il n’y a pratiquement plus d’endroits où vendre ces photos. C’est pourquoi j’enseigne désormais dans deux écoles et demande des subventions auprès de diverses institutions, y compris les collectivités locales. Les fonds obtenus me permettent de mener des projets sociaux, notamment avec des personnes en situation de handicap. Aujourd’hui, la photographie de presse est de plus en plus un hobby pour moi : une passion, mais difficile d’en vivre », résume-t-il.
La situation difficile du marché est également confirmée par Wojciech Grzędziński, le photojournaliste polonais le plus primé ces dernières années et ancien photographe du président de la Pologne.
« Il est difficile de trouver un poste salarié. Pour s’en sortir, il faut diversifier ses sources de revenus photographiques et idéalement avoir plusieurs clients réguliers. C’est pourquoi je travaille pour The New York Times, The Washington Post et Anadolu Images, mais je donne aussi des ateliers et des conférences sur la photographie et couvre des événements pour l’Institut national Frédéric Chopin depuis des années », explique-t-il.
Les postes salariés pour les photojournalistes sont pratiquement inexistants aujourd’hui. Les rédactions ont cessé de recruter durablement, se limitant à acheter des photos aux agences ou à confier des sujets ponctuels à des freelances. Les photographes complètent souvent leurs revenus avec des mariages, des cours ou la couverture de conférences et salons.
La crise couvait depuis longtemps dans la communauté des photojournalistes. Le marché a été dominé par de grandes agences photo qui approvisionnent journaux, sites et services d’information. Seuls quelques photojournalistes continuent à travailler indépendamment, réalisant des projets documentaires grâce à des concours, des subventions ou du financement participatif.
« La crise économique, le déclin de la presse papier et l’essor des médias électroniques apportent des changements fondamentaux au photojournalisme. Un tournant décisif semble être la fin de 2011, lorsque presque simultanément le département photo d’Agora et la prestigieuse agence Fotorzepa liée à Rzeczpospolita ont été liquidés. Le licenciement des meilleurs photojournalistes et la polémique sur les droits d’auteur ont ruiné le rêve d’un essor illimité de la photographie professionnelle », écrivait Adam Mazur dans le livre Le moment décisif (Karakter, Cracovie 2012).
Les agences photo en activité

Plusieurs agences photo réussissent sur le marché polonais, dont :
- Polska Agencja Prasowa (PAP) est l’agence officielle de la République de Pologne. Plus de trois cents photojournalistes y collaborent. Fournit du matériel à la plupart des journaux, sites et institutions d’État. Couvre les événements politiques, sociaux et sportifs majeurs.
- Forum — Agence des Photographes Polonais : fondée en 1994. Sert plus de trois cents photojournalistes et possède plus de trente millions de photos en archive. Représente des agences internationales en Pologne, dont Reuters et Magnum Photos, et collabore fréquemment avec des titres prestigieux : Newsweek, Polityka et Tygodnik Powszechny.
- AKPA Polska Press : agence privée de presse et de photos. Spécialisée dans la photographie événementielle, de mode et du show business. Sert les grands sites de célébrités et les services d’information.
Les groupes médias les plus grands de Pologne gèrent également leurs propres agences photo dans leur organisation. Le groupe Axel Springer (éditeur du quotidien Fakt et de Newsweek) possède Newspix.pl, Super Express dispose de son agence, et Agencjawyborcza.pl distribue les photos des journalistes liés à Gazeta Wyborcza.
- East News, l’avantage du pionnier
East News occupe une place particulière sur ce marché. En plus du contenu journalistique, East News propose aussi des photos de style de vie, de célébrités et même des images de stock.
« Dès le début, East News s’est surtout spécialisé dans la photo de presse, couvrant les événements politiques, sociaux, culturels, sportifs ainsi que ceux relevant de la pop culture au sens large. Notre objectif est de fournir des photos de presse professionnelles aux journaux, magazines, portails web et chaînes de télévision. East News est l’une des plus grandes banques d’images du pays. Notre archive compte plus de quinze millions de photos sur tous les sujets », affirme Ewa Burdyńska-Michna directeur d’East News.
L’agence a été fondée en 1992 à Varsovie par Wojtek Łaski. Il a débuté comme photographe et reporter pour divers journaux polonais, puis s’est installé en Italie et enfin à Paris. De retour en Pologne en 1980, indépendant, il a marqué le marché par sa vision et son expertise.
« Je n’ai pas quitté mon appareil depuis les années 1960. J’ai photographié, entre autres, Jean-Paul II, Boris Eltsine, Lech Wałęsa, et d’autres grands leaders mondiaux. À la fin des années 1960, je suis arrivé à Rome, où je travaillais pour l’hebdomadaire catholique Familia Christiana, qui avait un million d’exemplaires. J’ai aussi collaboré avec l’agence Sipa Press, puis je me suis installé à Paris pour des photos de mode et autres. Et en 1980, je suis revenu en Pologne, car c’est devenu le pays le plus intéressant du monde », raconte Wojtek Łaski, qui a vendu avec succès à l’Ouest des photos prises en Pologne, même en période communiste.
Après son retour, Laski s’est retrouvé à Gdańsk. Ayant raté les événements d’août 1980, il a alors eu l’idée de montrer Lech Wałęsa, le leader de Solidarnosc, autrement que tout le monde. Aujourd’hui, ces photos privées de Wałęsa et sa famille sont reconnues dans le monde entier.
La fondation d’East News a coïncidé avec un moment crucial de la transformation systémique polonaise — une ère de changements politiques, économiques et médiatiques durant laquelle les initiatives privées dans le secteur des médias se sont développées rapidement. East News fut l’une des premières agences privées à fonctionner sur des principes de marche tout en maintenant les standards professionnels du photojournalisme. East News dispose toujours d’un réseau de correspondants dans les grandes capitales et est aussi présent dans les ex-républiques soviétiques.
Un marché chamboulé, une féroce concurence

La concurrence dans la photographie de presse est telle qu’East News n’offre pas uniquement ses propres images. L’agence emploie quelques photographes à temps plein, mais développe depuis des années des partenariats avec des agences étrangères comme Agence France Presse (AFP), Associated Press (AP), SIPA Press, Imago, Mondadori Press, Science Photo Library, etc.
Concrètement, les médias polonais utilisant les services d’East News ont aussi accès à de vastes archives mondiales, couvrant l’actualité, les portraits de personnalités, les événements internationaux, festivals et plus encore.
Le marché évolue continuellement — acquisitions et consolidations sont monnaie courante. Parmi les changements notables, la banque de stock Shutterstock, autrefois dédiée uniquement aux images illustratives, propose désormais des photos d’actualité depuis l’acquisition de l’agence britannique Rex Features. Shutterstock travaille avec de nombreuses grandes agences, dont East News, et cible aussi les clients directement.
Shutterstock est représentatif d’une transformation du modèle de vente de photos. Les banques de stock, telles que Shutterstock et Adobe Stock, deviennent de plus en plus dominantes. Shutterstock, utilisé par les plus grands portails polonais dont Onet.pl, propose plus de 560 millions de ressources. C’est une plateforme multimédia où l’on trouve aussi bien des photos éditoriales que des illustrations, des vecteurs, des vidéos et de la musique, avec un nombre de téléchargements illimité et des prix compétitifs — le forfait de base coûte 24 €. Si l’abonnement annuel est réglé à l’avance, une réduction importante est offerte.
« Leur offre est plus intéressante financièrement, mais reste inférieure à ce que proposent les agences de presse. Cependant, pour des images à usage universel, elle peut convenir », explique Piotr Gil, graphiste et éditeur jeunesse chez Hokus Pokus. « Rejoignez notre communauté mondiale de créateurs sur Shutterstock et gagnez de l’argent en partageant vos passions. Au cours des quinze dernières années, nous avons versé un milliard de dollars à nos créateurs », proclame le site.
Les photojournalistes professionnels collaborent rarement avec Shutterstock ; les contributeurs sont plus souvent des photographes non liés au secteur. Ils ont fait des photos en vacances et veulent les partager sans contraintes. Leur travail se retrouve dans les médias — mais pas seulement là. Shutterstock coopère avec OpenAI et fournit ses ressources pour l’intelligence artificielle. Shutterstock continue de surprendre, distribuant parfois via des agences plus petites les œuvres de photographes reconnus, comme les photos d’actualité du photojournaliste primé Attila Husejnow, qui sont arrivées sur la plateforme grâce à l’agence Sopa.
« Ces photos sont également distribuées par d’autres agences. C’est la pratique courante chez Sopa. Nous recevons leurs photos de plusieurs sources — identiques », explique Ewa Burdyńska Michna d’East News.
Shutterstock n’est pas le seul acteur dans ce segment. De nombreux rédacteurs utilisent d’autres banques telles qu’Adobe Stock ou Depositphotos.com. Le magazine trimestriel Tenis Magazyn publie une quinzaine de photos dans chaque numéro, imprimées via Depositphotos.com. C’est une immense base sur divers sujets, avec des conditions similaires à Shutterstock. « Nous avons été convaincus par le prix et la simplicité. Nous évitons les contrats et le contact direct avec les photographes. On paie l’abonnement, on imprime la photo, et l’affaire est réglée », dit Maciej Łosiak, rédacteur en chef de Tenis Magazyn.
Une photo vaut mille mots, et peu d’euros
Aujourd’hui, les images qui se vendent le mieux sont celles de « spot news » : politique, sport et show business. Les responsables des plus grands portails — clients principaux des agences photo — affirment dépenser de plus en plus pour les licences et droits sur les photos, mais les photojournalistes, eux, n’en voient pas la couleur. Beaucoup vivent modestement de leur travail, s’étonnant de la faiblesse des montants reçus après déduction de la commission. Les prix n’évoluent pas, et les honoraires de 4 PLN pour une publication en ligne ne sont pas rares.
« Ce problème touche les photographes, mais aussi nous. Pas un mois sans négocier les prix avec nos clients. Je me bats pour des hausses, mais ils veulent les baisser. Ils expliquent que le prix unitaire est bas, mais qu’ils achètent plus de photos et dépensent plus au total », souligne Ewa Burdyńska Michna d’East News, ajoutant que le photographe ‘moyen’ verra la différence seulement si la licence de sa photo est vendue à un prix plus élevé. Les experts estiment qu’en France et aux États-Unis — où la presse prestigieuse rémunère encore bien les images de valeur — la situation est bien différente. En Pologne, c’est le déclin de la photographie de presse ambitieuse.
« La vitesse est décisive. Le premier à publier l’emporte. La plupart des photos finissent surtout sur Internet, ce qui a fait chuter les exigences techniques. Autrefois, il fallait du bon matériel et savoir photographier ; aujourd’hui parfois, un smartphone et un peu de chance suffisent — il faut être là au bon moment », explique Wojciech, éditeur photo chez Axel Springer. Ewa Burdyńska Michna confirme que les revenus des photojournalistes sont en chute libre. « L’âge d’or des agences a pris fin en 2008 et le marché est difficile », dit-elle.
« Un photojournaliste risque souvent sa santé, voire sa vie. Nous vendons par exemple des photos d’Ukraine et de Gaza. Les fixer à 9 ou 10 PLN est absurde. C’est une gifle — mais la crise touche tout le monde, y compris nous », conclut Ewa Burdyńska Michna. Ceux qui décident du prix ne pensent pas à la difficulté de réalisation, ni aux obstacles affrontés par l’auteur. C’est surtout un calcul économique. De plus, les éditeurs disent disposer de nombreuses sources, car les gens leur envoient des images sans réclamer de paiement.
Seuls quelques-uns peuvent attester que le marché français ou américain est différent et qu’une bonne photo y est convenablement rémunérée.
« Ryszard Kapuściński — un ami — disait que ‘une image vaut plus que mille mots’. Je suis d’accord — les photos imprimées dans la presse américaine sont toujours très prestigieuses et bien payées. Les grands éditeurs sont prêts à dépenser beaucoup, parfois des sommes prohibitives pour des photos uniques. La tradition joue un rôle. En Pologne, malheureusement, ce n’est pas le cas », affirme Czesław Czapliński, photographe polonais de New York.
« Il ne sert à rien de désespérer — il faut chercher de nouvelles opportunités. L’une d’elles : transformer les photos avec l’intelligence artificielle en images animées pour le cinéma. Il existe déjà de très bons outils permettant de créer de l’animation, des effets spéciaux, des productions professionnelles », ajoute-t-il.
Préserver pour l’Histoire
En fondant l’agence East News, Wojtek Łaski y a apporté sa vision, alliant le savoir-faire des agences occidentales à la connaissance du contexte polonais. Łaski a documenté des moments majeurs de l’histoire polonaise, depuis la loi martiale jusqu’à la transition post-1989. Son archive personnelle constitue aujourd’hui une ressource documentaire précieuse et un témoignage d’époque. Ce n’est donc pas un hasard si East News est aussi devenu un véritable dépôt photographique, avec des centaines de milliers de clichés des dernières décennies. Pour les chercheurs, historiens, journalistes et sociologues des médias, c’est une source clé pour l’analyse visuelle et l’interprétation des changements sociaux en Pologne et dans le monde. Les ressources de l’agence sont utilisées dans les livres, les documentaires et les projets éducatifs. East News joue désormais un rôle de conservateur du patrimoine photographique de l’histoire récente de la Pologne. Dans le contexte de la mondialisation des médias et du rôle croissant de l’image, une agence comme East News a une fonction culturelle et sociale — reliant événements, représentation visuelle et interprétation publique.
« En plus de vingt ans d’existence, nous avons été témoins de changements majeurs sur le marché de l’édition polonais. De nombreuses agences ont vu le jour. C’est une grande satisfaction que l’agence demeure leader du marché », souligne Wojtek Łaski, qui pour ses 80 ans a organisé deux expositions en 2025 présentant sa riche œuvre. Le 12 avril, à la Maison de la Culture de Konstancin « Hugonówka », 15, rue Mostowa, une rétrospective de la photographie de presse par Wojtek Łaski, photojournaliste de renom pour les grands magazines européens, a été inaugurée. On y découvre une centaine de clichés parmi les 150 000 archivés chez East News : figures et événements exceptionnels immortalisés en plus de cinquante ans de carrière. À Cracovie, l’exposition « Vocation véritable » montre des photos inédites ou peu connues de Wojtek Łaski, qui a travaillé au Vatican dans les années 1970, documentant le cardinal Karol Wojtyła et les débuts du pontificat de Jean-Paul II. S’y ajoutent des photos réalisées par des collègues des agences Agence France-Presse et Associated Press, dont Grzegorz Gałązka. Les clichés montrent non seulement l’acteur principal, mais aussi les coulisses : la foule, les émotions, les médias au travail, l’ambiance de l’époque — spontanément, avec la sensibilité du photojournaliste. L’exposition « Vocation véritable » etait visible au Musée archidiocésain jusqu’au 20 septembre 2025.
Les archives d’East News renferment plus de 150 000 œuvres liées à Jean-Paul II. L’offre est enrichie par des photos d’archives polonaises, notamment des portraits de personnalités de la culture et du sport de l’époque PRL, ainsi que des clichés bien documentés des moments historiques : 1956, 1968, 1970, 1980 et 1989. Des photos uniques des camps de travail staliniens et des procès de Nuremberg suscitent encore aujourd’hui émotion et satisfaction professionnelle d’avoir préservé l’oubli de cette période terrible. Grâce à la coopération avec des musées polonais comme ceux de la Littérature et de l’Indépendance, les collections de photos historiques sont régulièrement enrichies de documents nouveaux et uniques.
L’avenir de la photographie de presse
Que réserve l’avenir pour le marche de la photographie de presse ? L’avenir le dira. Il ne faut pas désespérer et il vaut la peine de continuer à exercer ce métier. Tout indique que dans les années à venir, il deviendra clair dans quelle mesure les médias contemporains ont encore besoin de photos professionnelles pour l’impression et le web. Aujourd’hui, la surproduction d’images pose problème, d’où l’importance du tri et du montage. Il faut sans cesse rechercher de nouveaux débouchés à une époque où la presse, y compris électronique, perd de son importance. L’intelligence artificielle pourrait se révéler utile, notamment pour la distribution et l’indexation des photos.
« Nous sommes confrontés à un nombre toujours croissant de photos. Actuellement, gérer tout ce qui arrive sur nos serveurs est tout un défi. C’est pourquoi, lors du catalogage, nous prévoyons de plus en plus de recourir à la reconnaissance faciale pour soulager nos équipes », déclare Ewa Burdyńska-Michna.
Pour beaucoup de photojournalistes, ce métier procure la meilleure vie possible : une vie dynamique, passionnante, avec l’adrénaline des grands événements et des personnalités. « Quand je vois quelque chose d’intéressant sur la route, je m’arrête, je sors mon appareil et je le photographie. Je ne pense pas à l’aspect financier. Vais-je en tirer profit ? Est-ce rentable ? La photo est ma passion, plus forte que moi. Est-ce un travail dur ? Bêtises. J’ai brièvement été cuisinier et taxi. Là, on travaille vraiment dur », conclut Wojtek Olkuśnik, photojournaliste chez East News. Lui, ses collègues et les éditeurs des grands médias polonais exhortent à ne pas sous-estimer la valeur qui vient de bonnes photos de presse.
« Je crois que les lecteurs iront vers les éditeurs misant sur le journalisme de qualité plutôt que sur des images d’illustration médiocres ou produites par l’IA. J’espère que la presse continuera à attendre des photos prises par de vrais professionnels, chroniqueurs de notre temps, car sans leur regard, il manquera quelque chose à notre réalité », conclut Maciej Wilczek, écrivain et secrétaire général du hebdomadaire Angora.
Tomasz Barański
L’oeil de l’info remercie tout partiuclièrement Wojtek Łaski de l’agence East News qui nous a permis de publier cet article exclusif.
