Epoca (1950 – 1997)

Epoca est un hebdomadaire illustré italien (1950 – 1997)

Lorsque le premier numéro d’Epoca paraît à Milan le 10 octobre 1950, l’Italie est en pleine reconstruction après-guerre. Epoca, comme Stern en Allemagne remplace les publications faschistes de l’époque de Mussolini et d’Hitler. Arnoldo Mondadori lance alors un hebdomadaire illustré qui s’inspire des modèles internationaux comme Life aux USA ou Paris Match en France. L’ambition est claire : offrir aux lecteurs italiens une fenêtre ouverte sur le monde, à travers des reportages photographiques de qualité et une mise en page moderne.

Dès ses débuts, Epoca se distingue par l’usage de l’héliogravure, une technique d’impression qui magnifie les images. Le magazine devient rapidement un laboratoire visuel, où se croisent les regards de photographes comme Mario De Biasi ou Gianni Berengo Gardin. L’alpiniste Walter Bonatti y publie ses explorations, donnant au lectorat italien le goût de l’aventure et de l’ailleurs.

La ligne éditoriale combine reportages internationaux, chroniques de société et portraits de célébrités. Les stars hollywoodiennes et italiennes – Gina Lollobrigida, Sophia Loren – s’affichent en couverture, tandis que la chroniqueuse Alba de Céspedes apporte une touche littéraire entre 1952 et 1956. La rubrique « I bei posti » transporte les lecteurs vers Marrakech, les Bahamas ou Acapulco, nourrissant l’imaginaire d’un pays encore marqué par les privations de l’après‑guerre.

Dans les années 1960, Epoca adopte une posture modérée mais résolument anticommuniste, reflet des tensions de la guerre froide en Italie. Sans être un organe militant, l’hebdomadaire s’inscrit dans le camp occidental, tout en conservant une tonalité grand public.

Le succès est au rendez‑vous : en 1955, le tirage atteint 420 000 exemplaires. Mais la courbe s’inverse progressivement : 305 000 exemplaires en 1963‑64, puis 120 000 en 1984. La télévision, puis les nouveaux médias, grignotent l’espace des hebdomadaires illustrés. Le 25 janvier 1997, après 47 ans de parution, Epoca publie son dernier numéro.

Au‑delà de sa disparition, Epoca reste un témoin précieux de l’Italie de la seconde moitié du XXe siècle. Ses archives – plus de 270 000 pages – constituent une mémoire visuelle et sociale, où se mêlent glamour, politique et récits de voyage. En photographiant son époque, le magazine a donné son nom à une génération de lecteurs qui ont appris à regarder le monde à travers ses pages.