Nguyễn Thành Nghệ (Vietnam, années 40) est un photographe vietnamien, pigiste (stringer) durant la guerre du Vietnam, dont le nom est associé à la controverse sur la paternité de la célèbre photographie de la « petite fille au napalm ».
Issu d’un milieu modeste, il reçoit une formation en photographie auprès de l’armée sud vietnamienne, dans une unité de documentation et de film. Ce cadre militaire lui permet d’acquérir les bases techniques du reportage visuel et de se familiariser avec la pratique du terrain. Après cette formation, il travaille quelque temps à l’ambassade des États Unis à Saigon, où il exerce des fonctions liées à la photographie et à la documentation.
Le 8 juin 1972, sur la Route nationale 1 à Trảng Bàng, il photographie la fuite des enfants après un bombardement au napalm, dont Phan Thị Kim Phúc, la « Napalm girl », nue et grièvement brûlée. Selon son témoignage dans le documentaire The Stringer (Bao Nguyen, 2025), il aurait pris lui même le cliché devenu mondialement célèbre, mais celui ci fut attribué à Nick Ut, photographe officiel de l’Associate Press (AP). Selon Carl Robinson, éditeur-photo à AP, c’est le légendaire photographe Horst Fass qui lui aurait donné l’ordre. Nghệ raconte que sa femme, choquée par l’image, détruisit un tirage, et qu’il découvrit quelques jours plus tard la publication internationale de la photo sous le nom d’Ut. L’Associated Press a contesté cette version, mais la polémique a conduit en 2025 le concours World Press Photo à suspendre temporairement l’attribution officielle de l’image à Nick Ut.
Peu avant la chute de Saigon en 1975, Nguyễn Thành Nghệ émigre aux États Unis. Installé en Californie, il reprend une activité dans la photographie et travaille comme technicien et photographe de plateau dans le cinéma à Hollywood, poursuivant ainsi une carrière discrète mais fidèle à son savoir faire visuel. Aujourd’hui, il vit toujours en Californie avec sa famille. Ses interventions publiques insistent sur la nécessité de reconnaître le rôle des photographes vietnamiens locaux, souvent restés dans l’ombre des grandes agences occidentales. Son parcours illustre la mémoire complexe du photojournalisme de guerre .