L’agence Sipa Press s’apprête a fêter ses cinquante ans… Et même un peu plus. Déclarée en 1973, l’agence a débutée d’une façon informelle dès 1969. A cette occasion, L’oeil de l’info publions un film inédit de Seamus et Thomas Haley tourné à la charnière entre le siècle argentique et celui du numérique.
En 2003, chaque agence disposait d’une écurie de photojournalistes couvrant l’actualité : politique, sociale, économique, culturelle, show-biz, guerre et catastrophes naturelles. Tout ce qui pourrait intéresser les médias d’information en France et à l’étranger. Autour de 2000, les agences dites « magazines » (Gamma, Sygma, Sipa) étaient en train de faire la transition de l’argentique au numérique. Bien que le numérique était déjà présent, le film argentique était encore très utilisé, voire préféré, par la plupart des photographes. Le laboratoire de Sipa, où les films étaient développés, tirés et duplicatés, c’était comme la salle des machines d’un paquebot. La distribution des images aussi était encore « vieille école », c’est-à-dire que les photos étaient tirées sur papier et distribuées à des clients potentiels grâce aux efforts des vendeurs qui se déplaçaient à scooter dans les rédactions pour présenter les reportages. Une époque révolue.
J’ai présenté Seamus à Goksin Sipahioglu. Comme par hasard, un événement majeur se profilait à l’horizon : l’invasion de l’Irak. Sous le faux prétexte que Saddam Hussein possédait des « armes de destruction massive » (ADM), les États-Unis et d’autres alliés européens allaient envahir l’Irak. Le président Chirac a refusé d’y participer et est allé jusqu’à opposer son veto à l’action au Conseil de sécurité de l’ONU. Cela allait être une histoire énorme. Goksin a donné carte blanche à Seamus pour documenter l’activité quotidienne de l’agence juste au moment où tous les médias et agences se préparaient à couvrir l’invasion imminente de l’Irak.
Seamus commença à filmer plusieurs semaines avant l’invasion proprement dite, alors que la tension montait et que l’agence se préparait à couvrir la guerre. Il a été pris sous l’aile protectrice de Jocelyn Manfredi et est rapidement devenu une partie de la famille Sipa. Goksin lui a donné un accès total, même à son propre bureau, comme c’était son style. Seamus a capturé un moment très fort dans la vie d’une agence photo.
Après avoir terminé ses cours à l’ESRA, il a commencé sa carrière en tant que monteur de documentaires sans regarder en arrière. Il n’a jamais monté les rushes de Sipa dans un film. Seulement plusieurs années plus tard que j’ai décidé de prendre les rushes en main et d’en faire un film parce que je savais que c’était un document important d’une époque qui a disparu. Goksin n’était plus directeur de l’agence. En 2008, j’ai fait une longue interview avec lui afin de revitaliser les rushes de 2003.
Le film original dure 57 min. Cette version courte a été monté pour L’Œil de l’Info au moment où Sipa Press, aujourd’hui sous la direction de Mete Zihnioglu, fête ses cinquante ans.
Thomas Haley, 8 juin 2023
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