Patrimoine

Jef Van den Bossche
« On a soif ! »

Photo: Jef Van den Bossche

En Grande Bretagne il y a le pub. Aux Pays bas il y a le café brun. En Allemagne le  Bierstube, la bodega en Espagne et en France le bistrot.

Ce sont des endroits où on vient boire un coup, si ce n’est plusieurs, et où on partage avec les autres un bon moment mis en relief parfois par les brumes de l’alcool. Dans de nombreux endroits c’est aussi le dernier lieu pour une vie collective, un point de ralliement social où subsiste une certaine idée du vivre ensemble. Mais le nombre de ces établissements tend inexorablement à diminuer année après année, trop vieux, trop ringards, en un mot trop populaires.

En 2001, devant ce constant accablant , l’écrivain belge Jan Van den Bossche publiait un livre baptisé « In de zoeten inval » (« Le bon accueil ») où il faisait un inventaire de tous les estaminets typiques de la province d’Anvers qu’il avait visités avec son épouse, ses enfants et ses amis.

Son fils, le photographe Jef Van den Bossche, est parti plus tard sur les trace de son géniteur en allant documenter ces cafés menacés de disparition mais qui font de la résistance et reste un pivot de leurs communautés portant haut le flambeau de la convivialité.

« Quand j’étais enfant, mon père avait l’habitude de m’emmener dans de petits cafés en Belgique. En 2001, il a écrit un livre sur les Volkscafés (cafés du peuple) de la province d’Anvers. Près de deux décennies plus tard, j’ai rendu la pareille à mon père et l’ai traîné dans un quête des derniers cafés populaires belges. Bien qu’il n’y en ai pas de définition précise, ils ont quelques points communs. Les prix affichés montrent souvent une piètre ambition commerciale et ils ne sont qu’une simple nécessité pour faire tourner l’affaire. Donc peu de propriétaires furent capables ou voulurent rester en phase avec les dernières tendances en matière de décoration intérieure et sont restés fidèles au design d’origine de leurs bistrots. Ils n’ont pas voulu qu’il en soit ainsi, mais c’est ce qui fait de ces cafés un témoignage de leur époque. Ce qui me fascine dans ces endroits, c’est qu’ils incitent à des interactions sociales qui sont de plus en plus rares. Les Volkscafés sont des points de rencontre d’échantillons de la société, où les consommateurs peuvent tout simplement être eux même. Quand les avocats, les ouvriers du BTP, les « Je sais tout » et les philosophes ne peuvent plus résoudre les problèmes du monde dans leurs bars habituels, alors la vie en commun s’éteint. Dans le sillage de la mondialisation, les petites entreprises cèdent la place à des concurrents plus modernes, dotés d’un attrait international. De nos jours les traditionnels endroits de rencontre comme ceux là sont plutôt rares. Cette série est une tentative pour en garder l’esprit vivant. »

Le site de Jef Van den Bossche

 Dernière révision le 9 avril 2024 à 6;35 par la rédaction

Gilles Courtinat