Illustration IA

En fragilisant le droit d’auteur, nous érodons les mécanismes qui permettent de distinguer l’origine du faux. La protection de l’authenticité passe d’abord par le respect des droits.

Le droit d’auteur est un pilier de la provenance

Le droit d’auteur n’est pas seulement un mécanisme juridique — c’est aussi un système de traçabilité. Lorsqu’une œuvre est protégée par le droit d’auteur :

  • Son origine est claire (qui l’a créée, quand et sous quels droits) ;
  • Sa chaîne de possession peut souvent être reconstituée (par les licences, les crédits ou les métadonnées).

Cette structure est à la base de toute architecture d’authenticité — car on ne peut pas vérifier l’authenticité d’un contenu sans connaître son origine.

Quand le droit d’auteur est fragilisé…

Si nous permettons que des œuvres protégées soient aspirées, utilisées sans consentement ou fondues dans des contenus générés par l’IA :

  • Nous sapons l’incitation à conserver les preuves de paternité ;
  • Nous affaiblissons le poids juridique et moral de l’attribution.

À terme, les créateurs pourraient renoncer à intégrer des données d’identification (comme les métadonnées ou les Content Credentials), sachant qu’elles seront supprimées, ignorées ou détournées.

Il en résulte un écosystème où de moins en moins de contenus peuvent être tracés de manière fiable, rendant toute solution d’authenticité (C2PA, tatouage numérique, etc.) beaucoup moins efficace.

Lauthenticité repose sur le respect des droits

Les solutions de protection d’authenticité comme le C2PA reposent sur l’hypothèse que :

  • Les créateurs disposent de droits ;
  • Ces droits sont respectés ;
  • Et que leurs métadonnées et credentials sont préservés et dignes de confiance.

Mais si le droit d’auteur n’est plus appliqué :

  • N’importe qui peut revendiquer n’importe quoi ;
  • Il devient plus difficile de distinguer la véritable paternité de l’usurpation ;
  • L’idée même de « contenu authentique » devient caduque, car nous avons supprimé la base qui la rendait possible : la propriété légitime.

En résumé

Fragiliser le droit d’auteur, ce n’est pas seulement porter atteinte aux créateurs — c’est compromettre les systèmes mêmes qui nous permettent de distinguer le réel du faux, l’origine de la manipulation. C’est démanteler l’ossature qui soutient la vérité dans les médias. C’est affaiblir notre capacité à vérifier les contenus, à nous défendre contre les deepfakes et les récits manipulés, et à maintenir la confiance du public.

La défense du droit d’auteur est, plus que jamais, la défense de l’authenticité — et, avec elle, de la confiance dans la provenance des contenus.

 

Paul Melcher
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