
Dans un communiqué Pierre-Emmanuel Ferrand et Jérôme Béglé sont « heureux d’annoncer que Paris Match a acquis 80% du capital de la société Abaca, agence de presse photographique indépendante fondée en 1992 par Jean-Michel Psaila » qui reste dirigeant et actionnaire minoritaire.
Ces dernières années, Jean-Michel Psaila, 63 ans, cherchait à garantir la pérennité de son agence de presse. Un temps, il s’était associé avec Ulf Schmidt-Funke de l’agence allemande DDP qui possédait encore 17% du capital avant l’opération avec Paris Match.
Au début des années 90, Abaca apparait au moment où l’Internet sort des universités et des centres de recherche pour transformer le monde. Bien qu’à ses débuts l’agence produise encore en argentique, elle va rapidement devenir une des agences en pointe dans la production et la diffusion numérique. Comme toutes ses concurrentes, l’agence Abaca fera face a la transformation radicale du marché de la photo de presse résumée par une baisse vertigineuse des droits de reproduction.
Mais sous la direction de Jean-Michel Psaila, l’entreprise se développe et ces dernières années le chiffre d’affaire dépassait les 3 millions d’euro avec des résultats positif. Aujourd’hui, 17 personnes travaillent à l’agence, dont deux photographes : Eliott Blondet et Raphaël Lafargue. L’agence a également un photographe à New York et un autre à Washington pour couvrir la Maison Blanche.
« Ces dernières années, nous avons fait une importante mutation de génération » nous précise Jean-Michel Psaila. « Il y a des gens qui sont partis à la retraite et qui ont été remplacés par des plus jeunes, très souvent plus qualifiés pour la transmission, le légendage des images… Ils gèrent le numérique plus facilement que l’ancienne génération. »
« En 2024-2025, il y a eu une augmentation de chiffre d’affaires. Je ne le connais pas par cœur mais nous avons maintenu le niveau de notre business. On a embauché deux personnes récemment pour développer aussi le texte. Au mois d’aout, Géo sort un hors-série sur la faune sauvage que nous avons réalisé. »
Abaca s’est également fait remarquer par sa couverture des Jeux Olympiques à Paris, or les sports sont un domaine qui marche bien en presse, mais également en corporate.
Le communiqué de Paris Match précise :
« Abaca dispose d’un fonds de 30 millions de photos et réalise chaque année environ 300 couvertures de magazines en France et à l’international. Chaque jour, ce sont près de 20 000 photos qui lui parviennent, dont 3 000 diffusées par des éditeurs majeurs à travers le monde. Cette alliance vient renforcer notre ambition de bâtir une plateforme mondiale de référence dans le photojournalisme. Grâce à leur complémentarité, les deux entités collaboreront également sur les axes d’innovation technologique, notamment autour de l’IA, de la vidéo et des marchés internationaux. »
Depuis que Paris Match a rejoint le groupe LVMH à l’automne dernier, le célèbre « picture magazine » a fait son entrée sur les réseaux sociaux. Sa présence en ligne est maintenant quotidienne avec des offres d’abonnements à des prix compétitif. Or le web, les newsletters, les réseaux sociaux consomment énormément d’images. C’est vraisemblablement la principale raison de cette alliance qui a surpris les professionnels du secteur.
Un autre mobile pour cette alliance peut, être le souhait de la direction de Paris Match de mieux diffuser les archives photo du magazine… Elles sont loin d’être toutes numérisées, mais cette commercialisation est complexe du fait des droits d’auteur.
Même, si depuis six mois, les rumeurs allaient bon train sur des discussions entre Abaca et LVMH, le rachat d’Abaca par Paris Match, et non par le groupe LVMH interroge toute la profession étonnée que le magazine rachète un de ses fournisseurs d’images !
« On peut se demander ce que vont faire des clients d’Abaca comme le Figaro Magazine… » s’interroge les patrons des agences de photo concurrentes (en demandant l’anonymat).
« Vont-ils continuer à acheter des images à une agence propriété d’un magazine conçurent ? » Cette configuration s’était déjà brièvement produite en 1999 quand Anne-Marie Courderc avait, pour le groupe Lagardère alors propriétaire d’Hachette Filipacchi, racheté l’agence Gamma et une dizaine d’autres petites agences… La profession a encore en tête la catastrophe qui s’en suivit. Mais depuis, le marché a bien changé ! Aujourd’hui, la véritable concurrence des agences photo françaises, c’est celle des américains, en particulier de Getty image allié avec l’AFP pour proposer des deals ou le prix des photos est toujours à la baisse !
« Après 30 années d’entreprenariat, c’est avec fierté et une réelle émotion que je vois mon entreprise intégrer Paris Match référence absolue de la presse et le groupe LVMH. » précise pour sa part dans le même communiqué Jean-Michel Psaila qui reste Président de l’agence et actionnaire minoritaire.
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