Nick Ut et Jean-François Leroy au Campo Santo le 5 sept. 2025. Photo Sébastien Riotto / Visa pour l’image
Ce vendredi 5 septembre 2025, Le Figaro Magazine nous annonce la diffusion sur Netflix du documentaire « The stringer » produit par la Fondation VII, Nick Ut monte sur la scène du Campo Santo à l’invitation de Jean-François Leroy. Il est salué par une formidable « standing ovation » qui lui met un peu de baume au cœur.
Nous reproduisons ici, avec son autorisation, l’allocution de soutien à Nick Ut prononcée par Jean-François Leroy le patron du festival international de photojournalisme Visa pour l’image.
« C’est une longue histoire qu’il faut que je vous raconte, pour ceux qui ne la connaissent pas déjà.
Pendant 50 ans, cette photo d’une petite fille victime d’une attaque au napalm à Trảng Bàng le 8 juin 1972 a été attribuée à un photographe de l’agence Associated Press. Il s’appelle Nick Ut et il est avec nous ce soir.
En début d’année, une fondation issue d’une agence de photographes fondée ici même à Perpignan a décidé de réaliser un documentaire sur cette image devenue historique.
Ce documentaire, je ne l’ai pas vu car il n’est pas encore disponible. Il présente un faisceau d’indices suggérant que ce n’est pas Nick qui a pris cette image, mais un autre photographe présent à ce moment-là. Photographe qui, 50 ans après les faits, proteste contre cette présumée injustice.
Dans la foulée, et alors même que les équipes du documentaire admettent qu’elles ne présentent pas – et j’insiste sur ce point – de preuves irréfutables, une vieille et autrefois respectable institution du photojournalisme a décidé de démettre Nick de l’une de ses récompenses liées à cette photo.
J’ai une confession à vous faire : je n’étais pas à Trảng Bàng le 8 juin 1972. Mais beaucoup de ceux qui y étaient, ou qui travaillaient dans la région et dans le bureau d’AP à Saïgon, témoins directs ou indirects de la fameuse scène, continuent de clamer haut et fort que c’est bien Nick qui a pris cette photo. Leurs témoignages contradictoires n’ont pas été inclus dans le documentaire ; documentaire dont les méthodes d’investigation et de travail, plus je les découvre, me surprennent un peu.
Que certains redresseurs de torts professionnels, drapés dans un voile de fausse vertu, souhaitent couper des têtes pour pouvoir en faire leur podium n’a rien de nouveau : faire un documentaire est leur droit le plus strict et ce n’est certainement pas nous qui serions tentés de les museler.
Mais qu’une institution censée défendre et promouvoir les photojournalistes se permette de devenir les « bœuf-carottes » de notre profession est une autre histoire. J’insiste : aucune preuve irréfutable n’existe et les rares témoins directs de la scène contredisent la version du documentaire.
Dans cette époque où la confiance envers la presse est déjà suffisamment érodée, ils ont décidé de se joindre à la meute. Pourquoi ? Je laisse les photojournalistes ici présents aller à Amsterdam pour leur poser directement la question.
Nous sommes beaucoup de choses à Visa pour l’image : ringards, classiques, orthodoxes, râleurs, dramatiques… Nos détracteurs ne manquent pas de mots pour nous faire des compliments. Nous sommes aussi férocement attachés à défendre cette profession que nous aimons et qu’aimait Roger Thérond, celui qui m’a aidé à fonder le festival.
Parce que c’est ce que Roger aurait fait, parce que c’est la chose juste à faire tant qu’il n’existe pas de preuves irréfutables, et parce que c’est la raison d’être de ce festival, j’affirme ce soir haut et fort que Visa pour l’image et Perpignan se tiennent aux côtés de Nick Ut et de tous les photojournalistes ayant risqué leur vie pour documenter la guerre du Vietnam. J’invite Nick Ut à me rejoindre sur le plateau. »
Le 16 mai 2025, quand nous avons appris la scandaleuse décision du Worl Press Photo, de suspendre l’attribution de la photographie « Napalm girl » à Nick Ut, j’ai écrit l’éditorial « De l’art de flinguer un photojournaliste émérite ». J’écrivais :
« Il semble que tout soit fait, dans cette histoire, pour créer une polémique en ne montrant le film que dans un seul festival aux USA. De ce point de vue, c’est réussi : la presse mondiale s’est fait l’écho du soit disant « scandale ». Une façon de faire « monter la mayonnaise » pour vendre au meilleur prix le produit aux chaines de télévision, et accroitre la notoriété du « docu » pour remplir les salles. »
La diffusion prochaine sur Netflix confirme mon intuition. Précision : cette triste et scandaleuse histoire n’enlève rien à la qualité du travail photo journalistique de Gary Knight jadis honoré à Visa pour l’image mais remet en question la déontologie de la FondationVII dirigée par Fiora Turner.
Quand à la déontologie du World Press Photo, les nombreux dérapages ces dernières années de cette institution ne lui permettent pas de se faire la « police de la profession ». Surtout quand, par exemple on trouve sur son site la photographie d’Henri Bureau avec une légende erronnée et une date fantaisiste, le 1er avril 1975 pour une photographie de la « Révolution des œillets » du 25 avril !
Pour la première fois en France, une projection en avant-première de The Stringer aura lieu à Bayeux, pendant le prix des correspondants de guerre, le dimanche 12 octobre 2025. Laprojection sera suivie d’un échange avec Gary Knight et Fiona Turner.
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