© Universitat Politècnica de València

L’université de Valence est chargée d’un projet d’envergure visant à nettoyer et restaurer les photos que des familles ont perdues lors des tragiques inondations qui ont dévasté la région le 29 octobre 2024. Des étudiants de l’université des beaux-arts restaurent les images endommagées par la boue lors des inondations.

Le 29 octobre 2024, la province de Valence en Espagne a connu la catastrophe naturelle dévastatrice. Plus de 60 000 personnes dans 78 municipalités ont subi les conséquences des pluies intenses et des inondations qui ont détruit les infrastructures et privant les habitants d’eau potable et d’électricité. L’impact humain a été tragique, avec 237 morts et des milliers de logements détruits. Les opérations de sauvetage et de nettoyage ont été menées avec la participation de professionnels et de milliers de bénévoles qui ont travaillé à nettoyer les 800 000 tonnes de débris obstruant les rues. Une marée de boue s’était répandue dans les rues et dans les maisons emportant tout sur son passage. Parmi les meubles, les véhicules, les débris charriés par le flux, d’autres beaucoup plus fragiles furent emportés, des photographies et des albums de famille flottant à la dérive dans une boue chaotique qui engloutissait tout. La même vague de boue qui avait violemment arraché aux habitants leurs biens les plus précieux, menaçait également de les dépouiller de manière définitive de leur identité et de leur mémoire fixées sur les photographies.

 

Des étudiants participant aux opérations de déblayage ayant constaté que les gens jetaient leurs photos souillées les pensant irrécupérables, ont commencé à les récupérer et alertèrent sur cette situation. Un projet de sauvegarde de ces précieux documents fut rapidement mis sur pied par la faculté des beaux-arts de l’Université polytechnique de Valence, créant un laboratoire chargé de collecter, nettoyer, désinfecter et numériser les photographies et albums de famille des personnes touchées par les inondations. Dans un premier temps, un message « Sauvez les photos » a été diffusé sur les réseaux sociaux et dans les médias, expliquant que ces objets devaient être conservés et non jetés, et donnant quelques conseils.

« Si vous trouvez des photos dans les décombres, ne les jetez pas ! Beaucoup peuvent être récupérées par des experts. Si les photos sont collées les unes aux autres et ne se détachent pas facilement, ne faites rien : un restaurateur pourra essayer de les séparer. Si les photos peuvent être séparées, intercalez du papier de cuisson entre elles et regroupez-les par petits lots dans des boîtes en plastique percées afin que l’eau ne s’accumule pas à l’intérieur. Faites des groupes de photos séparés : photos légèrement humides, photos très humides et photos présentant des traces de moisissure et mettez-les dans des sacs en plastique. Chaque boîte doit être marquée avec les coordonnées des propriétaires afin qu’elles puissent être rendues plus tard. Si vous ne pouvez pas suivre ces étapes, ne vous inquiétez pas, mettez les photos dans un sac perforé et étiquetez-le avec vos coordonnées. »

Ensuite, un protocole a été élaboré afin de coordonner les actions et les préparatifs dans chaque lieu de collecte, comprenant des recommandations sur les mesures à prendre en fonction des différents types de matériaux, photographies en couleur, photographies en noir et blanc ou négatifs et des directives et informations sur le lavage et le séchage des documents. Au cours des premiers mois qui ont suivi la catastrophe, près de 200 étudiants et professeurs ont participé activement aux travaux de sauvegarde de ce que des bénévoles et des habitants leur apportaient. Un long et minutieux travail demandant des précautions particulières, car les boues recouvrant les images étaient chargées de produits toxiques, se poursuit encore aujourd’hui. Près de 340 000 photographies et 3 000 albums de famille ont été récupérés dont 75 % ont pu être sauvegardés.

 

Gilles Courtinat
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