Editorial

L’éblouissement birman de Philippe Charliat.

La Birmanie ne devait être qu’une étape dans les pérégrinations de l’infatigable voyageur qu’est Philippe Charliat. Mais, ce voyage dans la Birmanie des années 80 se révèlera inoubliable.

Nous sommes à l’époque ou les visas pour la Birmanie étaient délivrés au compte goutte. L’ambassade n’accordait alors qu’une semaine a de très rares touristes. Il fallait aller vite là où s’impose la lenteur.  Philippe Charliat eut la chance de pouvoir d’attarder lors de deux séjours favorisés par son travail de photographe « corporate » pour une grande firme internationale liée à l’exploitation pétrolière.

De temples en pagodes, il a éprouvé la ferveur qui entoure l’image de Bouddha. Il a parcouru les marchés et les villages agricoles où l’on savait l’accueillir d’un sourire. Il s’est imprégné de l’étrange beauté du lac Inlé où, en ce mois d’octobre, une barge richement décorée promenait des Bouddhas d’or.

La rencontre de celles que l’on nomme femmes-girafes ne fut pas la moins étrange, dans la région du Triangle d’Or. C’était bien avant que l’on exhibe quelques-unes de ces magnifiques femmes Padaung dans des zoos humains aujourd’hui créés pour épater les touristes.

De cette Birmanie envoûtante, qui possède les plus beaux temples d’Asie, Philippe nous présente des images empreintes de douceur, comme le sourire du Bouddha dont la sagesse souriante traverse des siècles de violence.

A son retour, Brigitte Huard, alors chef du service photo du Figaro Magazine publie sur une demi-douzaine de pages un sujet sur le lac Inle. C’est la première belle publication de la nouvelle agence, « La compagnie des reporters » dont Philippe est actionnaire et que je dirige.

Fidèle utilisateur des boitiers Canon, la firme lui ouvre son « Espace Canon », alors situé face a Beaubourg pour une première exposition de cette Birmanie qui tiens tant à cœur au photographe. Trente ans plus tard, la galeire Anne Kristine Rathnov lui confie ses cimaises jusqu’au 5 mars prochain.
Ses premières photos, Philippe Charliat les a faites dans l’Espagne des années cinquante en parcourant le pays sur la Vespa de ses 18 ans.  Il fait son service militaire pendant la guerre d’Algérie. Ce qui aurait pu être, comme pour tant d’autres un drame, Philippe va en faire un atout.  Il est débrouillard, plein d’énergie et sait saisir les opportunités. Le voilà  photographe au journal « Bled ». Sa premières photos d’actualité sera publiées dans « Paris Match ».

De retour à Paris, l’hebdomadaire souhaite le garder mais, il n’est pas revenu seul d’Algérie. Il a connu une jolie « pied-noir » et un enfant se profile. Il opte continuer le chemin tracé par ses études d’arts graphiques. De « Elle » au « Nouvel Observateur », de « L’expansion » a l’hebdomadaire  « Le Point », ce sont quinze années de bonheurs professionnel ou des photographes revanant des quatre coins de la planète déposent sur son bureau toutes les images… qu’il rêve de réaliser lui-même.

Alors, à 40 ans, il reprend ses appareils et part. A sa façon, en prenant son temps, séduit par les chemins de traverse, les rencontres.  Les défis, aussi, comme celui de vivre à 6 000 m d’altitude, au Pérou, pendant plusieurs semaines, pour filmer au plus près l’expérience scientifique d’un Nicolas Jaeger.

Passionné de sport, il a été coureur cycliste, coureur automobile à l’époque des « Gordini » il se lance dans le Paris Dakar à moto… Mais il continue à travailler pour les grandes compagnies pétrolières qui l’envoient sur les plates-formes offshore après avoir vérifié qu’il est capable de sortir tout seul d’un hélicoptère qui coule… A 60 ans passés, ce défi le passionne toujours.

En une vingtaine d’années, il parcourt – sans connaître un mot d’anglais – les cinq continents. A sa façon, curieuse et souriante.  Mais, la Birmanie demeure une de ses plus belles aventures.

MP
Première édition le 18 février 2011 in Club Mediapart

Exposition jusqu’au 5 mars 2011
Galerie  Anne Kristine Rathnov
14 rue de Provence, 75009 PARIS .
Ouverture de 10h à 16h sauf mercredi 13h 18hDernière révision le 3 mars 2024 à 7;15 par

Michel Puech


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