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La leçon de l’icône d’Ishinomaki

La leçon de « l’icone » d’Ishinomaki. Constat de la baisse des budgets photographiques dans les magazines français.

300 dollars, c’est le prix payé par l’Agence France Presse (AFP) pour acheter sa photo à Tadashi Okubo, photojournaliste au «Yomiuri Shimbun», un des grands quotidiens japonais. Associated Press (AP) et Reuters ont également diffusé l’image. Résultat : un festival de Unes qui pose question. Recadrage !

Prise, selon l’AFP,  samedi 12 mars à Ishinomaki, une des villes les plus touchées par le tsunami consécutif au tremblement de terre, la photographie a été reçue par la totalité des médias mondiaux puisque distribuée par les principales agences de news.

Elle fait la « Une » d’innombrables quotidiens : l’International Herald Tribune, Le Figaro, O Estado de Sao Paulo (Brésil), La Stampa (Italie), Der Tagesspiegel (Allemagne), l’Irish Examiner (Irlande), le Wall Street Journal Asia,  Il Messaggero (Italie),  le Daily Express (Grande-Bretagne) , le Chicago Tribune (USA) ou le Courier Mail (Australie) etc.

En France,  quatre grands hebdomadaires (Paris Match, Le Point, le Nouvel Observateur et Le Pèlerin) la reprennent, comme le célèbre magazine allemand Stern.

« C’est une très bonne photo, ce n’est pas un hasard si elle se retrouve partout », estime Jean-François Leroy. « Historiquement, je pense qu’on n’a pas vu un phénomène pareil en nombre de parutions depuis la photo de l’AFP d’Hocine » (ndlr : photo de la « madone en pleurs » de Bentalha, du nom du village algérien où avait été perpétré un massacre en 1997 pendant la guerre civile) a déclaré le directeur du festival Visa pour l’image – Perpignan à l’AFP.

On peut parier, dès aujourd’hui, que la photo sera primée au prochain World Press Photo !

Excellente image,  «L’icône d’Ishinomaki», nous interpelle sur le fonctionnement des agences de presse photographiques.

Comment se fait-il que les trois plus grandes agences aient diffusé simultanément la même image ?

La première réponse qui vient à l’esprit est la course de vitesse à laquelle les agences se livrent et qui les conduit de plus en plus fréquement à l’erreur quand ce n’est pas la faute.

On se souvient de « l’affaire Morel » : une photographie du tremblement de terre d’Haiti diffusée, sous copyright  par le photographe, reprise par un blog américain, et que l’agence française a diffusé sans autorisation. L’affaire est encore aujourd’hui devant les tribunaux, bien que Morel, le photographe,  ait déjà gagné la première manche contre l’AFP.

Si la publication de la même image par une multitude de quotidiens se comprend très bien – là encore la vitesse – elle pose moins de problèmes car ils ne sont pas en concurrence.  La une d’un quotidien brésilien ne gène pas ceux des autres pays.

Première édition le 18 Mars 2011 dans le Club Mediapart

 Dernière révision le 2 janvier 2024 à 7;10 par la rédaction

Michel Puech


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