Entretiens

L’Himalaya de Christian Rausch

Ladakh
Ladakh – © Chrisitan Rausch

Du 2 au 27 octobre 2015, le photographe Christian Rausch expose à la galerie More Art Tea à Grenoble « Esprits et matières en terre tibétaine ». L’occasion d’un « Eclat de voix » sur WGR, la radio des grands reporters et des écrivains voyageurs.

Ecouter Christian Rausch sur WGR (Première diffusion : 03/10/15 à 15h)

Depuis plus de 40 ans, Christian Rausch photographie les hommes. Cette passion pour les gens lui tient à cœur depuis le début des années 70. Une période où pour Libération, puis pour Le Figaro, il a photographié les mouvements sociaux qui agitaient la France.

Les années passant, et la couleur s’imposant dans les magazines, il s’est mis à arpenter le monde. Depuis 12 ans, avec sa complice Marie-Florence Bennes, il chemine dans les hauteurs de l’Himalaya.

Frappé par l’harmonie entre la montagne et le bouddhisme, lors de son dernier voyage, négligeant les visages des humains, il s’est pris de passion pour les rudes paysages du plus grand massif montagneux de notre planète.

Il a ramené des photographies étonnantes de poésie, et de paysages, projetées cet été aux Nuits photographiques de Pierrevert. Des photographies remarquées par le célèbre directeur artistique Peter Knapp.

Une exposition que l’on peut voir en octobre à Grenoble en attendant d’autres cimaises.

C’est chez lui à Grenoble, que ce vieux camarade – nous nous connaissons depuis ses débuts – nous a reçus, et qu’il nous parle de son voyage en feuilletant les tirages de l’exposition.

MP


 

Extrait du dossier de presse

Esprits et matières, en terre tibétaine par Christian Rausch

Après une douzaines d’années de pérégrination dans les contrées himalayennes et après quarante ans d’ une vie de reporter photographe catalogué dans le registre photographe sociales, humaniste, au cours de mon dernier séjour, le paysage s’est imposé ???

Un choc !

Habitué à écouter mon instinct, je me suis laissé allé à cet exercice, pour moi inhabituel.

Au retour, ces images m’interrogent. Elles sont de celles que j’aimerai voir en grand format sur mon mur. Elles dégagent de la pureté, de la sérénité, un équilibre et une esthétique qui me touchent. J’en suis l’auteur mais c’est comme si ces images avaient leur propre vie, qu’elles existaient par elles même. Au fil de mes voyages, j’ai appris à côtoyer le bouddhisme tibétain. J’ai été touché par la plénitude de ses pratiquants. J’ai appris a percevoir qu’ils vivent leur philosophie du lever au couché. Cette fois, je me dis que les paysages sont aussi porteur du sacré, ce sacré que vivent les peuples de culture tibétaine.

Je ne suis pas le premier ni le seul à avoir ressenti cette impression face aux paysages himalayens.

Un des premiers explorateurs occidentaux à avoir parcouru cette région, Fernand Grenard ( Le Tibet Le Pays Et Les Habitants 1904), livre ce témoignage: « Cette montagne qui, retirée au milieu de cette région presque morte, semblait ne point daigner voir ce bas monde du haut de sa sérénité impassible et froide et vouloir de sa cime aiguë pénétrer et s’absorber dans le vide des cieux, était bien le visible symbole de l’âme bouddhique, qui cherche à s’isoler et se recueillir dans la contemplation des choses éternelles et de la perfection absolue, à se détacher de tout ce qui, bon ou mauvais, l’attache à cette existence périssable et troublée, des désirs et des craintes, des peines et des plaisirs, des affections et des haines, aspire à supprimer en elle tout besoin, toute sensation, tout mouvement, à se confondre dans l’infini du vide et du silence, dans la vie du néant, la seule absolue et parfaite, qui ne se sent, ni ne se souffre, ne se change ni ne s’achève. »

Alexandra David-Néel écrit en 1912 : « Béni soit « cela » qui m’a préservé des routes banales, qui m’a fait gravir les Himalayas et ces invisibles Himalayas de la pensée si infiniment plus élevés que les autres! »

J’aime aussi cette idée formulée par Jacques Bacot explorateur voyageant dans le Kham ( Le Tibet révolté en 1912 ) « Ce que le Tibet a de plus extraordinaire, c’est de ressembler parfois aux autres pays. »

Maintenant, je peux laisser ces images vivre leur vie et venir à vous.


 

Site de Christian Rausch :

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Dernière révision le 26 mars 2024 à 5;45 par Michel Puech