Editorial

Marin Hock, SFR Jeunes Talents

Michel Puech publie dans La lettre de la photographie, lettre quotidienne en français et en anglais.

 

Mardi 3 mai 2011, le jury du Prix SFR Jeunes Talents Photo a été décerné à Marin Hock, meilleur lauréat des différents concours de l’année parrainés par l’opérateur de télécommunications.

Article publié dans La lettre de la photographie du 10 mai 2011

J’ai eu l’honneur de participer à ce jury aux côtés de Marloes Krijnen directrice du Foam, musée de la photographie d’Amsterdam, d’Oriane Bonifassi et Audrey Simiana des équipes SFR Jeunes Talents, de Patrick Tourneboeuf « parrain » des lauréats de l’année et d’Alain Mingam qu’on « ne présente plus » comme on dit à la télévision. Deux jours pour recevoir et écouter la vie et les projets de treize photographes. Passionnant, et je n’en dirai pas plus. Secret des débats oblige. Revenons à l’heureux lauréat.

De la passion et de la raison

Marin Hock est un jeune gars comme il y en a des millions en Europe, le genre « Erasmus clean style », comme ils disent : 22 ans, toutes ses dents et vraiment beaucoup de mordant.

Souriant, il étale une série de photos : des tirages 30×40 marges blanches « que j’ai faits moi-même au septante-cinq » me dira-t-il trois jours plus tard quand je l’appelle au téléphone pour connaître sa réaction d’avoir décroché la timbale.

« Septente-cinq » ? Marin Hock est belge, diplômé en 2009 de l’Ecole Supérieure des Arts/le 75 de Bruxelles, où l’on ne dit pas « sept-cinq » comme dans les banlieues parisiennes.

Il est né à Uccle, une commune de la capitale belge, le 11 novembre 1988 d’une mère styliste de mode et d’un père graphiste et typographe, c’est dire que Marin Hock, en plus de sa formation estudiantine, a baigné tout sa jeunesse dans un monde où la fantaisie s’allie à la rigueur.

Cela se voit dans ses photographies, qui ne sont pas sans rappeler la fameuse « ligne claire » de la bande dessinée belge. « En Belgique, on naît avec une BD dans les mains » dit Marin Hock qui pourtant ne veut absolument pas être assimilé à Tintin.

D’ailleurs ce jeune homme a la volonté farouche de ne pas être identifié dans aucun genre. Il a fait de la photographie artistique, de la photo de mode et du documentaire. « Je ne me mets pas de barrière. » affirme-t-il.

Bruxelles, Londres, New-York, Sao Polo…

Ni de frontières. Il photographie à Londres « Les passeurs » une série de danseurs mêlés à des piétons, qui a été déjà été exposée plusieurs fois. Il s’offre « à coup d’économies sur mes petits jobs » une traversée est-ouest des Etats-Unis, file au Brésil à l’occasion d’une commande de photos de mode. De plus, il en ramène une galerie de portraits de travailleurs des rues tout à fait remarquable par la maîtrise des couleurs dans l’instantanéité des rencontres. Même pour qui a horreur de cette photographie de portraits qui envahit les concours, les prix, les expositions, les magazines… le travail est intéressant.

J’ai choisi de vous présenter dans « La lettre » une série qu’il a réalisée en 2008 sur un centre de psychothérapie institutionnelle, « La Devinière », près de Charleroi. Ce qui m’a impressionné dans ce travail, c’est la maîtrise d’un sujet souvent traité par ses aînés. « J’aime les marronniers comme vous dites » répond-il « J’aime ce qui est constant dans la société. Je ne cherche pas à dénoncer, mais à constater. »

Il n’a que dix-neuf ans quand il prend ces photos. Il espère pouvoir refaire une nouvelle série avec « un nouveau regard, car entre temps j’ai vieilli » dit-il avec un petit ricanement gêné. Marin Hock a l’air d’un fonceur, mais il semble beaucoup plus timide qu’il ne le montre. Timide, mais pas paralysé. Cela se voit dans ses images où il n’a pas peur du photographié.

« J’ai également comme projet de réaliser un travail sur le monde maritime, en particulier en Bretagne. Le projet consiste à suivre le quotidien du milieu de la mer. »

Un travail qui répond parfaitement aux critères de SFR pour le soutenir tout au long de l’année via des expositions phares, des dotations sous forme de bourse, d’achat d’art et la publication d’un portfolio monographique au sein de la collection « SFR Jeunes Talents ».

Mais pourquoi la mer ? « Je suis passionné par la mer. Je ne sais s’il faut le dire, mais cela fait des années que je suis moniteur de voile. Un job saisonnier qui m’a aidé à financer la photo. » Marin veut-il rendre ce qu’il doit à la mer ? En tout cas, le jeune homme n’a pas peur de plonger dans le grand bain.

Michel Puech
Links

http://www.marinhock.com

 Dernière révision le 12 mars 2024 à 12;17 par Michel Puech