Lauriers

Maryam Firuzi
Souvenirs épars d’un avenir déformé

Razieh a peint sur le mur d’une gare abandonnée de la première époque Pahlavi. Razieh, qui peint depuis de nombreuses années, se prépare à sa première exposition personnelle à Téhéran. Pour réussir et devenir indépendante, elle a suivi un parcours long et difficile et vit depuis très longtemps dans une petite maison louée, loin de sa famille.

L’International Women in Photo Association (IWPA) œuvre pour l’égalité par la photographie dans le monde et la promotion des femmes photographes de toutes origines et nationalités.

Depuis six ans, l’association distingue le travail de plusieurs autrices, la grande lauréate étant en 2022 l’iranienne Maryam Firuzi pour sa série « Scattered memories of a distorted future » (« Souvenirs épars d’un avenir déformé ») où elle a demandé à des femmes peintres de réaliser une œuvre dans un environnement de ruines devenues la métaphore de la douleur.

Toutes les photographies © Maryam Firuzi

« Le 8 janvier 2020, lorsque j’ai appris qu’un avion ukrainien s’était écrasé à Téhéran et que ses 176 passagers et membres d’équipage étaient morts, je suis entrée dans un profond silence de chagrin et de désespoir. Depuis lors, différentes sortes d’événements malheureux se sont succédé : des turbulences politiques, une crise de l’eau, une récession, l’immigration de membres de ma famille et d’amis, et la pandémie de COVID pour couronner le tout. Lorsque je me réveille le matin, je suis comme un champ de ruines, et tout semble en miettes : moi-même, ma famille, mes amis, mes relations, ma ville, mon pays. La souffrance que nous endurons se manifeste dans le langage des ruines. En tant qu’artiste, au milieu de toute cette souffrance (le langage du présent), j’espère trouver comment la création artistique peut être réparatrice, inspirante et efficace. Quel impact l’artiste a-t-il sur cet état de ruine ? Quel rôle avons-nous dans les ruines des constructions/créations de l’humanité ? Dans cette série, les ruines sont devenues une métaphore de la douleur. Ici, entre un passé silencieux et un avenir déformé, j’ai invité des femmes peintres à peindre ce qu’elles aiment dans des lieux abandonnés ; une peinture sur l’histoire masculine, une image sur le visage du passé, et une question sans réponse pour l’avenir. »

Gilles Courtinat

Le site de Maryam Firuzi

Le site de l’IWPA

Gilles Courtinat