Eliane Laffont a créée les bureaux de Gamma puis de Sygma à New York, elle a bien connu Christian Simonpietri, en particulier à l’époque du Vietnam. Monique Kouznetzoff, Hubert Henrotte, Misha Henrotte, Eliane et Jean-Pierre Laffont… C’était une bande d’amis. En dépit de l’immence tristesse, Eliane nous a adressé ces mots. MP
Le Vietnam, c’est l’enfer et les photos de Christian restituent cette atmosphère terrifiante. Ses photos sont dans Paris Match et dans toute la presse internationale. C’est pour Gamma qu’il couvre l’attaque de Saigon et les batailles de Hue, Khe Sanh et la deuxième offensive du Tet…Christian est un photographe de guerre. Mais, plus que la photographie de guerre, c’est l’aventure qui plait à Christian.
« C’était le Western et le Rock and Roll quand on était sur le terrain…Puis on allait à Saigon, on picolait, on écoutait les Rolling Stones, et on fumait des joints. »
Et pourtant, des guerres, il en fera d’autres : l’indépendance du Bangladesh en 1971. Sa photo montrant des soldats tuant à la baïonnette les rebelles pro-Pakistanais sera retenue dans la série des 100 plus grandes photos du siècle. Puis, l’Israël en 1973 et sa photo devenue iconique des prisonniers Syriens pendant la guerre du Yom Kippour.
« à fond la caisse »
Christian voulait vivre « à fond la caisse » et ne craignait pas le danger mais rien n’est plus dur que le reportage de guerre et tant de souffrance commençait à lui peser. Il quittera progressivement le news pour le people, d’abord en photo, puis à la caméra. Il s’installe à Los Angeles, « le people, c’est la pause » disait-il.
Ainsi commence sa nouvelle période de « photographe de charme » Appellation qui lui allait si bien, Christian était le charme même. Le charme c’est aussi l’actualité heureuse, les gens y sont beaux, célèbres et l’agence Sygma y excelle.
Dans sa maison, pleine de Mickey et Minnie Mouse, les copains de France et les photojournalistes du monde entier y défilaient. Christian jouait de la guitare et on écoutait tous de la musique d’Elvis Presley.
C’est une époque où il n’y a pas encore de publiciste, Christian est en rapport direct avec les stars sans intermédiaires, et très rapidement, il deviendra ami avec certaines des plus grandes stars d’Hollywood de l’époque, Nastasia Kinski, et son père Klaus Kinski, Patrick Wayne, fils de John Wayne, Sylvia Kristel, Francis Ford Coppola avec qui il se lira d’amitié pendant le tournage de Rusty James avec Matt Dillon et Mickey Rourke, Yul Brynner, Tippi Hedren, Clint Eastwood, et de nombreux musiciens, Michel Polnareff, mais sa plus belle rencontre sera avec David Bowie qu’il trouvait le plus bel homme, le plus gentil, et le plus cultivé qu’il avait rencontré dans sa vie et dont il fera des photos inoubliables.
Hollywood le lasse, les publicistes arrivent et il refuse de se soumettre aux nouvelles règles et aux contraintes. Il rentre en France d’abord, puis en Corse, le pays où son père l’emmenait en vacances quand il était enfant.
Personnage atypique et inoubliable, photographe risque tout et touche à tout, ami plein de finesse et d’intelligence, baroudeur éternel, au revoir Christian, nous ne t’oublierons jamais.
Eliane Laffont
1/3/2023