« La Main de l’homme » tel est le fil conducteur des prochaines Promenades photographiques de Vendôme qui se dérouleront durant l’été prochain (à partir du 22 juin) dans cette petite ville si typiquement française.
Les lecteurs se souviennent certainement que l’an passé Bateaux quittant le port du Havre, une photo de Gustave Le Gray, avait atteint la somme de 917 000 Euros dans une vente aux enchères exceptionnelle. Un record pour une image du XIXème siècle. Le siècle où le chemin de fer arriva de Paris, aux coteaux du Vendômois. Aujourd’hui, il ne faut que quarante-deux minutes pour venir de Paris en TGV, et chaque année, depuis sept ans, les photographes et les amateurs sont nombreux à faire le voyage.
Ils étaient 65 000 en 2011 (en hausse de 30%, dont près de 10% visiteurs non français) à faire le voyage pour voir les expositions, assister à la remise de trois prix, aux conférences, aux rencontres… En sept ans, la dynamique petite équipe, menée par Odile Andrieu, a exposé 134 photographes, et pas des moindres. De Hans Silvester à Sebastião Salgado en passant par notre collaborateur Yan Morvan et des photographes comme Alain Keller, Gérard Uféras, Gilles Caron, Marc Riboud, William Klein ou William Daniels… Ils ont tous apprécié l’ambiance chaleureuse et sans vanité des « Promenades ».
Il faut dire que Vendôme n’est pas une ville, mais un jardin-ville paresseusement traversé par le Loir, le long duquel il fait, l’été, bon flâner. Il faut ajouter que les étudiants des trente écoles internationales de photos, qui concourent pour le double prix Mark Grosset (photo artistique et journalistique), créent une ambiance favorable à l’ouverture d’esprit et aux découvertes de nouveaux talents. Il n’est pas rare que d’autres manifestations photographiques viennent à Vendôme « faire leur marché ».
Plus de 3000 images ont déjà été présentées ici, et le Salon de l’édition photographique installé dans le marché couvert de la ville n’est pas qu’une librairie. Ce salon devrait devenir un point fort de la manifestation.
La main au portefeuille…
Avec un beau bilan, le lecteur pourrait penser que les « Promenades de Vendôme » marchent d’un pas serein vers un avenir prometteur… Je le pensais moi-même avant qu’Odile Andrieu ne me fasse part des difficultés de son équipe. Quelques semaines avant la mise sous presse du programme 2012, Nikon a subitement décidé d’envoyer promener les « Promenades ». On sait que Nikon a plus, que Canon, subi de plein fouet les conséquences du tsunami. On sait qu’en repliant leur usine vers la Thaïlande, ils n’ont pas eu de chance : la nouvelle usine fut sous les eaux ! Mais on sait aussi que les fabricants d’appareils photo deviennent de plus en plus des fabricants de vidéo-caméras…
« Nous faisons un recentrage de notre politique de partenariat » explique Pham Doan Tuan de Nikon France « Nous souhaitons travailler beaucoup plus en direction du grand public. Nous avons soutenu Vendôme pendant deux ans, mais côté grand public nos espoirs ont été un peu déçus. Cela ne veut pas dire que la manifestation n’est pas de qualité, mais cette année nous avons préféré investir entre autres dans le festival du court-métrage de Clermont-Ferrand en Auvergne. »
Avec les désistements récurrents de quelques autres « petits sponsors » voilà le budget des « Promenades » amputé de près de 40%. Et Odile Andrieu de se désoler. Avec Guy Bourreau, Président des Promenades depuis 2008 et ancien de Canon et de Kodak, Odile Andrieu, cette ancienne iconographe a depuis des années investi sans compter dans la manifestation. Chaque année, elle espérait, comme beaucoup d’autres managers de manifestations, grappiller quelques milliers d’euros pour « monter » une exposition de plus, doter un peu mieux un prix, bref contribuer un peu plus au succès si populaire de la photographie. Hélas, cette année, c’est la douche froide.
« Bien sûr nous allons néanmoins réussir à construire une belle nouvelle édition » dit-elle avec un peu de déception dans la voix. « Heureusement, il y a des gens qui nous font confiance, comme par exemple cette année l’ami Sebastião Salgado qui nous aide avec sa magnifique exposition La main de l’homme, mais quand même… Chaque année je dois renoncer faute de quelques milliers d’euros à montrer telle ou telle exposition que je vais retrouver ensuite dans une autre ville mieux dotée… » Odile Andrieu ne le dit pas, mais comme nombre d’organisateurs de festivals, elle regarde vers Arles, enfant chéri du Ministère de la Culture et de la Communication, dont l’incroyable budget (près de 5 millions d’euros) en cette période de disette de sponsors fait envie à tous. Le Festival de photojournalisme Visa pour l’image de Perpignan avec ses nombreuses retombées presse ne bénéficie que de 1 million d’euros de budget. Bien sûr les Promenades photographiques de Vendôme et son budget de 170 000 euros, n’ont pas encore la notoriété d’Arles ou de Perpignan, mais elles attirent néanmoins des milliers d’étrangers dans ce joli coin de France.
Ceci étant dit, et en attendant qu’un nouvel opérateur du monde de la photo se présente pour un vrai partenariat fructueux dans le temps, nous irons cette année à Vendôme voir American In Colors, La FARM en noir et blanc, l’Albanie, l’Arménie et bien d’autres expositions dont nous reparlerons le moment venu.
Michel PuechDernière révision le 3 mars 2024 à 7:21 pm GMT+0100 par Michel Puech
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